mardi 9 décembre 2008

Dans le silence général : les commandements naval et terrestre d’AFRICOM s’installeront en Italie

par Campo Antiimperialista, 4/12/2008. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Dans le silence général, le gouvernement Berlusconi a autorisé l’installation de deux des structures d’Africom, le nouveau commandement des forces armées usaméricaines pour les interventions en Afrique, à Naples et à Vicence.

Pour être exact, la composante navale d'Africom sera installée à Naples, où elle peut compter sur les structures de Capodichino, Gricignano et Gaeta, et la composante terrestre utilisera les structures vicentines de Camp Ederle et Dal Molin, tandis que la composante aérienne restera à Stuttgart. En particulier, le choix de Naples permettra l’utilisation de l'aéroport de Capodichino, qui a été étendu pour permettre des escales aux avions de l’US Navy et de l’Air Force, alors que les ports de Naples et de Gaeta sont utilisés en permanence par des unités navales US.

En fin de compte,l'Italie l’a emporté sur l'Espagne, qui, dans un premier temps, semblait avoir été choisie (les Usaméricains choisissent, les Alliés acceptent, à Madrid comme à Rome) pour accueillir les commandements US sur la base navale US de Rota (Cadix).


Mais qu’est-ce qu’Africom ?

Le gouvernement italien, par la voix de M. Frattini, a essayé de présenter cette nouvelle structure comme si elle était consacrée à l'aide humanitaire aux peuples africains, passant allègrement sous silence la nature agressive de ce nouvel instrument de la politique impériale.

Pour le financer, le Congrès US a déjà alloué 226 millions de dollars, et ses objectifs ont été bien décrits par l'Ambassadeur US en Italie, Ronald Spogli: «Les objectifs des nouveaux commandements Africom visent à la sécurité et à l'augmentation de l'aide humanitaire par le biais de quatre activités: la prévention des conflits, la promotion de la croissance économique, le contrôle des flux migratoires et la prévention du terrorisme.»

Ces quatre volets peuvent facilement être traduits par «nous ferons tout pour affirmer nos intérêts économiques et géopolitiques en Afrique » Sans aucun doute Africom est né du désir de parvenir à une présence plus forte et à une politique de contrôle au moins dans les zones stratégiques de l'Afrique, avec trois objectifs centraux: combattre les mouvements de libération et les gouvernements qui ne sont pas asservis, contrer la pénétration des autres puissances (notamment la Chine) dans des pays importants comme le Congo, le Soudan, l’ Angola, pour assurer le contrôle des matières premières (si le brut africain ne représentait en 2001 que 10% des importations usaméricaines, il est maintenant à 15% et devrait atteindre 25% en 2015).

La nature impérialiste de cet instrument est tout à fait claire, mais face à cela et aussi face au fait que l'Italie devient l'avant-poste des opérations militaires contre l'Afrique, la gauche est silencieuse. Quelle meilleure confirmation d'une servilité bipartite maintenant sans frontières ?
D’ailleurs, le même Spogli a voulu mettre en valeur les relations italo-américaines (dans le cadre du G8) pour la formation des forces de «maintien de la paix » et le responsable des interventions de «maintien de la paix" de l'ONU en Afrique n’est autre que l’ancien Premier ministre, Romano Prodi ....
Les mensonges du gouvernement italien sont vraiment gros, mais presque personne ne lui demande de comptes.

Il y a quelque temps, le général William "Kip" Ward, commandant de l'Africom et ancien chef des troupes usaméricaines en Bosnie, avait déclaré : « La base d'Africom sera installée sur le sol africain. » Mais la conviction que les pays africains allaient se battre pour avoir la base sur leur sol de base s’est rapidement envolée, l'Afrique du Sud, l'Algérie, la Libye et le Nigeria ont dit non. Tout comme ont dit non la Southern Africa Development community (organisation des pays de l’Afrique australe), aussi bien que la Cen-Sad (Communaué des États sahélo-sahariens), ou encore la Cedao-Ecowas (Communauté économique de l’Afrique ocidentale). Le seul pays à annoncer sa disponibilité avait été l’insignifiant Libéria.

Eh bien, dans ce contexte, le ministre Frattini a eu le culot de dire « en avoir informé (de la décision italienne d'accueillir le commandement US, NDLR) même les pays africains qui ont exprimé un grand soutien à cette décision » Culot sans limite, mais prix politique zéro, puisque la prétendue opposition parlementaire a l'intention de discuter (en se livrant à des performances grotesques) sur des questions autrement plus "stratégiques" comme la TVA sur Sky. Et vu que l'ancienne gauche arc-en-ciel, tout en étant encore dans un état de confusion, est aussi atteinte du syndrome de l'obamisme et nous savons qu’Obama appuie pleinement le choix d'Africom.

C’est Bush qui avait mis en évidence la vraie mission d'Africom, en disant qu’il servirait à renforcer la coopération contre les forces islamiques. Et pour que tout le monde comprenne, il avait mentionné à cet égard, l'aide offerte à l'Éthiopie contre les tribunaux islamiques en Somalie. Aide qui, il y a deux ans, a permis une occupation qui de toute évidence s’essouffle aujourd'hui face à la force de la guérilla islamique. Ces concepts ont été repris par le général Ward (Adnkronos 26 Novembre), qui a fait savoir que les USA sont prêts à intervenir dans la lutte contre la piraterie le long des côtes somaliennes.

Hier, il y avait les États voyous, les armes de destruction massive, les terroristes plus ou moins islamiques ; voilà maintenant qu’on nous sort un nouvel ennemi nécessaire pour justifier de nouvelles entreprises militaires : les pirates.

Depuis deux jours, nous savons que ces entreprises vers l'Afrique partiront d’Italie, de quoi donner une nouvelle jeunesse au colonialisme tricolore.



Le gouvernement est d'accord, l'opposition aussi, le Parlement n’en discutera peut-être même pas. Ainsi vont les choses dans l’Italie bipolaire.

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