Bertolt Brecht (1898-1956)
Geschichten des Herrn Keuner, in Kalendergeschichten 1948
Histoires de monsieur Keuner, Ed. L’Arche 1997
Wenn die Haifische Menschen wären "Wenn die Haifische Menschen wären, fragte Herrn K. die kleine Tochter seiner Wirtin, "wären sie dann netter zu den kleinen Fischen?" "Sicher", sagte er. "Wenn die Haifische Menschen wären, würden sie im Meer für die kleinen Fische gewaltige Kästen bauen lassen, mit allerhand Nahrung drin, sowohl Pflanzen als auch Tierzeug. Sie würden dafür sorgen, dass die Kästen immer frisches Wasser hätten, und sie würden überhaupt allerhand sanitärische Maßnahmen treffen, wenn z.B. ein Fischlein sich die Flosse verletzten würde, dann würde ihm sogleich ein Verband gemacht, damit es den Haifischen nicht wegstürbe vor der Zeit. Damit die Fischlein nicht trübsinnig würde, gäbe es ab und zu große Wasserfeste; denn lustige Fischlein schmecken besser als trübsinnige. Es gäbe natürlich auch Schulen in den großen Kästen. In diesen Schulen würden die Fischlein lernen, wie man in den Rachen der Haifische schwimmt. Sie würden z.B. Geographie brauchen, damit sie die großen Haifische, die faul irgendwo rumliegen, finden könnten. Die Hauptsache wäre natürlich die moralische Ausbildung der Fischlein. Sie würden unterrichtet werden, dass es das Größte und Schönste sei, wenn ein Fischlein sich freiwillig aufopfert, und sie alle an die Haifische glauben müßten, vor allem, wenn sie sagten, sie würden für eine schöne Zukunft sorgen. Man würde den Fischlein beibringen, dass diese Zukunft nur gesichert sei, wenn sie Gehorsam lernten. Vor allen niedrigen, materialistischen, egoistischen und marxistischen Neigungen müßten sich die Fischlein hüten, und es sofort melden, wenn eines von ihnen solche Neigungen verriete. Wenn die Haifische Menschen wären, würden sie natürlich auch untereinander Kriege führen, um fremde Fischkästen und fremde Fischlein zu erobern. Die Kriege würden sie von ihren eigenen Fischlein führen lassen. Sie würden die Fischlein lehren, dass zwischen ihnen und den Fischlein der anderen Haifische ein riesiger Unterschied bestehe. Die Fischlein, würden sie verkünden, sich bekanntlich stumm, aber sie schweigen in ganz verschiedenen Sprachen und könnten einander daher unmöglich verstehen.Jedem Fischlein, das im Krieg ein paar andere Fischlein, feindliche, in anderer Sprache schweigende Fischlein, tötete, würde sie Orden aus Seetang anheften und den Titel Held verleihen. Wenn die Haifische Menschen wären, gäbe es bei ihnen natürlich auch eine Kunst. Es gäbe schöne Bilder, auf denen die Zähne der Haifische in prächtigen Farben, ihre Rachen als reine Lustgärten, in denen es sich prächtig tummeln läßt, dargestellt wären. Die Theater auf dem Meeresgrund würden zeigen, wie heldenmütige Fischlein begeistert in die Haifischrachen schwimmen, und die Musik wäre so schön, dass die Fischlein unter ihren Klängen, die Kapelle voran, träumerisch, und in der allerangenehmste Gedanken eingelullt, in die Haifischrachen strömten. Auch eine Religion gäbe es ja, wenn die Haifische Menschen wären. Sie würde lehren, dass die Fischlein erst im Bauche der Haifische richtig zu leben begännen. Übrigens würde es auch aufhören, dass alle Fischlein, wie es jetzt ist, gleich sind. Einige von ihnen würden Ämter bekommen und über die anderen gesetzt werden. Die ein wenig größeren dürften sogar die kleineren fressen. Dies wäre für die Haifische nur angenehm, da sie dann selber öfter größere Brocken zu fressen bekämen. Und die größeren, Posten innehabenden Fischlein würden für die Ordnung unter denn Fischlein sorgen, Lehrer, Offiziere, Ingenieure im Kastenbau werden. Kurz, es gäbe erst eine Kultur im Meer, wenn die Haifische Menschen wären." | Si les requins étaient des hommes Si les requins étaient des hommes, demanda à Monsieur K... la petite fille de son hôtesse, est-ce qu'ils seraient plus gentils avec les petits poissons ? Bien sûr, répondit-il, si les requins étaient des hommes, ils feraient construire dans la mer pour les petits poissons d'énormes boîtes remplies de toutes sortes de nourriture, des plantes et de la viande. Ils veilleraient à ce que les boites aient toujours de l'eau fraîche et ils prendraient toutes sortes de mesures d'hygiène. Si par exemple un petit poisson se blessait à la nageoire, on lui ferait tout de suite un pansement, pour qu'il ne meure pas prématurément. Pour que les petits poissons ne deviennent pas moroses, il y aurait de temps en temps des fêtes nautiques fastueuses, car les petits poissons lorsqu'ils sont de bonne humeur, ont meilleur goût que lorsqu'ils sont moroses. Naturellement, il y aurait aussi des écoles dans ces grandes boîtes. Dans ces écoles, les petits poissons apprendraient comment s'y prendre pour entrer dans la gueule des requins. Ils auraient besoin, par exemple, de savoir de la géographie pour pouvoir trouver les requins qui paressent ça et là. Mais l'essentiel serait bien évidemment l'éducation morale des petits poissons. On leur apprendrait que ce qu'il y a de plus grand et de plus beau, c'est qu'un petit poisson sache se sacrifier avec le sourire et de croire les requins, surtout lorsque ceux-ci affirment qu'ils vous préparent des lendemains qui chantent. On apprendrait aux petits poissons que ces lendemains qui chantent ne sont possibles qu'à la condition qu'ils apprennent à obéir. Il faudrait aussi que les petits poissons se gardent de toutes tendances matérialistes, égoïstes et marxistes et qu'ils informent les requins sur-le-champ si l'un d'entre eux semblait céder à ces penchants. Si les requins étaient des hommes, ils feraient naturellement la guerre entre eux pour conquérir des boîtes à poissons étrangères et des petits poissons étrangers. Ils feraient la guerre par petits poissons interposés. Ils apprendraient aux petits poissons qu'entre eux et les petits poissons d'autres requins il y a une différence. Comme chacun sait, diraient-ils, les petits poissons sont muets mais ils se taisent dans des langues tout à fait différentes et c'est pourquoi il leur est impossible de se comprendre. Ils accrocheraient une médaille sur la nageoire de tout petits poissons qui pendant la guerre tueraient quelques autres petits poissons, des petits poissons ennemis, des petits poissons qui se taisent dans une langue étrangère et ils leur donneraient le titre de héros. Naturellement, si les requins étaient des hommes, ils pratiqueraient les arts. Il y aurait de beaux tableaux représentant dans des couleurs magnifiques des dents de requins, leurs gueules seraient représentées comme d'admirables jardins dans lesquels il fait bon s'ébattre. Au fond de la mer, les théâtres montreraient d'héroïques petits poissons entrant avec enthousiasme dans la gueule des requins, et la petite musique serait si belle que, bercés par ses accents, les petits poissons, musique en tête, plongés dans les rêves et les pensées les plus suaves, se précipiteraient dans la gueule des requins. Bien sûr, on pratiquerait une religion, si les requins étaient des hommes. Ils enseigneraient que la vraie vie pour les petits poissons ne commence que dans le ventre des requins. D'ailleurs, si les requins étaient des hommes, l'égalité qui règne présentement chez les petits poissons cesserait. Certains d'entre eux recevraient une fonction et seraient placés au-dessus des autres. Ceux qui sont un peu plus gros auraient même le droit de manger les plus petits. Les requins n'y verraient que des avantages car ainsi ils pourraient manger de temps en temps des morceaux plus gros. Et les poissons plus gros, ceux qui auraient des fonctions, veilleraient à ce que l'ordre règne parmi les petits poissons, en devenant enseignants, officiers, ingénieurs. En un mot, la civilisation dans la mer ne serait possible que si les requins étaient des hommes. |
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