Par Mondher Sfar, 24/1/2011
Le soi-disant risque de vide est le fait du régime qui s'obstine à s'opposer à la volonté du peuple d'instaurer la paix et la sérénité entre tous les Tunisiens par la formation d'un gouvernement composé d'hommes et de femmes de confiance aux postes-clés.
On ne pourra pas dire que la Révolution a triomphé tant que l'appareil sécuritaire même affaibli sera assez puissant pour maintenir au pouvoir les représentants de l'ancien régime. Ce serait une grosse erreur de notre part de croire que ce gouvernement d'unité nationale serait au service d'une quelconque transition ou même de la préparation de futures élections. Le vrai objectif de ce gouvernement de l'ancien régime est de gagner du temps non pas pour reconquérir le pouvoir - parce qu'il est toujours au pouvoir - mais pour le renforcer et lui redonner sa force d'antan.
En l'état actuel des rapports de forces, il ne s'est produit qu'un remaniement ministériel restreint touchant des portefeuilles secondaires octroyés à certaines figures de l'opposition pour faire croire à une illusoire transition vers un nouveau régime. Nous sommes exactement en train de revivre le scénario du 7 novembre où le dictateur Ben Ali a fait entrer quelques personnages de l'opposition pour donner crédit à ses promesses de démocratisation, avant de se retourner contre eux.
La leçon à tirer de cette erreur est cette évidence que la dictature ne peut être au service de la démocratie et que ses promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Aujourd'hui le chef des armées le général Rachid Ammar a dit au peuple qu'il craint le vide. Nous lui répondons que le peuple est le premier à se soucier de l'ordre public. Les derniers évènements l'ont clairement prouvé. C'est plutôt le gouvernement actuel qui est la source de l'instabilité. Tant que le gouvernement n’est pas représentatif du peuple et méprise ses sacrifices pour la liberté, la dignité et la fraternité entre nous tous, tant qu'il se rend responsable de l'instabilité, du vide et des troubles sur lesquels il compte pour reconquérir son pouvoir absolu sur le peuple.
C'est le gouvernement de l'ancien régime qui par son obstination veut créer le chaos qu'il prétend éviter, après avoir organisé les actes de tueries gratuites et de pillages.
Si ce gouvernement était sincère dans ses intentions, il n'aurait pas hésité à se démettre et à favoriser la constitution d'un gouvernement de salut national réunissant des hommes de confiance du peuple pour apaiser les mouvements populaires et entamer le processus d'édification des institutions garantissant la liberté, la dignité et la fraternité entre les Tunisiens qui ne cherchent qu'à vivre dignement et en paix.
Pour éviter le chaos que le régime a semé depuis les premiers jours de la Révolution au moyen de ses escadrons de la mort, et de ses actes de pillage et de vandalisme, nous devons nous en tenir à notre détermination calme et ferme à sauver notre révolution, à préserver la paix sociale et l'ordre public en nous attachant plus que jamais au principe fondamental de la nomination de vrais représentants de notre peuple aux postes clés d'un gouvernement de salut national.
Il nous faut faire confiance à notre peuple qui a montré une maturité qui a ébahi le monde entier. Pourquoi abandonner ce peuple au profit de l'ancien régime source de nos malheurs à nous tous, par crainte infondée, et qui nous ferait sombrer dans les griffes d'un pouvoir qui promet de se venger de notre audace de l'avoir démasqué aux yeux du monde entier?
Ne nous trompons pas sur nos amis et sur nos ennemis: le peuple défendant les acquis de la révolution est le seul garant de la paix, de l'apaisement des rancœurs et des haines cultivées par la dictature et sa mafia. Il l'a prouvé et il nous sera un guide de sagesse et de retenue.
Seule la réussite de notre révolution garantira la paix dans les esprits et dans les cœurs entre tous les Tunisiens, quel que soit leur passé, dans le respect d'une justice clémente, dans le retour des biens spoliés à leurs propriétaires, et les réparations morales et matérielles nécessaires et garantes de la vraie paix à laquelle nous aspirons tous.
La révolution est le seul salut pour le peuple tunisien et nous devons nous unir tous ensemble pour la sauver en demandant un gouvernement incarnant authentiquement les idéaux de notre liberté et de notre fraternité.
Il ne nous reste qu'une alternative : ou la liberté ou le retour en force de la dictature et de l'oppression, avec son cortège de malheurs et de souffrances pour encore des générations.
Restons unis avec le peuple et fermes dans l'exigence d'un gouvernement authentiquement représentatif de notre volonté de vivre enfin dans la paix et dans la dignité. En s’unissant à nous autour de ces principes, l'armée comprendra où se trouve le salut de la patrie et n'aura plus à craindre pour l'avenir immédiat et futur de notre cher pays.
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