Original: ¿Nuevo golpe en Centroamérica?
Il est extrêmement surprenant de voir, qu’alors qu’à peu de kilomètres de Managua, au Honduras, se maintient une dictature comme celle de Micheletti, la grande majorité des mas médias nicaraguayens (propriété d’une poignée de familles millionnaires) s’attaque depuis des années au gouvernement constitutionnel de Daniel Ortega. Les manipulations féroces et périodiques de la réalité orchestrées dans la presse écrite, radiophonique et télévisuelle, qui rappellent les campagnes subies par le président du Venezuela, Hugo Chávez, avant et après le Carmonazo [tentative de coup d’État d’avril 2002, NdE], n’ont pas cessé au Nicaragua depuis que Daniel Ortega a assumé la présidence en 2006, ou plus exactement le 10 janvier 2007.
Les disqualifications continues et les insultes de la part du complexe médiatique (à la seule exception de Radio Primerísima et Radio Ya), se sont accélérées dans le fond et dans la forme ces derniers jours, quand la Cour Suprême de Justice s’est prononcée sur la validité des arguments du leader sandiniste pour pouvoir se présenter aux prochaines élections. N’oublions pas que le président hondurien Zelaya a été renversé violemment par l’armée et ses adversaires politiques, qui ont justifié ce putsch par une prétention similaire, il y a seulement quelques semaines (28 Juin 2009), de la part du président constitutionnel.
Cet élément oblige les analystes à déduire, sans aucune crainte de se tromper, que l’Amérique Latine se trouve face à des coups d’États anti-démocratiques soft, moins sanglants que ceux qui ravagèrent le continent depuis le début du 20ème siècle jusque la moitié des années 80, dirigés et orchestrés, comme d’habitude, par le patronat le plus ultra-libéral (pour lequel les moyens de diffusion massive sont indispensables), et pouvant aujourd’hui compter sur la compréhension des businessmen du secteur, comme le multimillionnaire mexicain Carlos Slim (ami intime de Monsieur X, autrement dit Felipe Gonzàlez), son collègue espagnol Juan Luis Cebrián, des intellectuels d’extrême-droite comme l’Hispano-anglo-péruvien Mario Vargas Llosa ou des Premiers ministres experts en prostituées de luxe, comme l’Italien Silvio Berlusconi.
Carlos Slim et Felipe González
Cette situation est la conséquence directe de la douceur avec laquelle la Maison Blanche traite le dictateur hondurien, qui se dégage facilement du double discours qu’utilisent le président Barak Obama et son éclatante Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, ou de la tiédeur de l’OEA elle-même face à ce genre de rébellions militaires, dans lesquelles il y a juste à déplorer la mort de peu de citoyens (des provocateurs violents, selon El País), qui criaient dans les rues du Honduras pour le retour de la démocratie, mais loin des milliers d’arrestations et d’assassinats en masse subies durant des décennies par les populations du continent, commis avec la totale bénédiction des différents gouvernements US et de leurs armées, dont la participation et l’assistance militaire (torture inclue) se palpent encore dans des pays comme le Salvador, le Chili, le Paraguay, la Colombie, le Pérou, le Panamá, le Guatemala et d’autres.
Il paraît que Micheletti est bien vu à Washington, au FBI, à la CIA, au siège de PRISA et jusqu’au Vatican (épicentres d’influence sociale variable mais notoire), avec toutes les nuances qu’on peut présupposer. Et le plus curieux est que, quand on découvre les liens entre les putschistes et la délinquance commune, on fait ressortir au grand jour l’asile politique aux USA en leur faveur, comme dans le cas de l’ex-maire de Maracaibo Manuel Rosales, au Venezuela, directement impliqué dans une tentative d’assassinat contre Chávez, ou Luis Posada Carriles, responsable de l’explosion en plein vol d’un avion de Cubana de Aviación qui coûta la vie à 76 personnes, et qui aujourd’hui se promène tranquillement en Floride ; ou encore celui de Patricia Poleo, journaliste d’une chaîne de télévision à Caracas, accusée de l’assassinat du procureur Danilo Anderson.
J’espère que dans le cas des directeurs de journaux aussi connus au Nicaragua que ceux du Nuevo Diario ou de La Prensa, Danilo Aguirre et Jaime Chamorro, qui, respectivement, ont été ou sont en jugement et condamnés pour injures, ou escroquerie de millions, il ne se passera pas quelque chose du même genre. Aujourd’hui, couverts par leurs collègues de la soi-disant presse indépendante, ils clament leur innocence, tout en développant leur stratégie de harcèlement et de démolition médiatique du président Daniel Ortega, téléphonant à leurs associés espagnols, mexicains, chiliens, argentins ou français, pour qu’ils leur donnent un coup de main dans la stratégie de harcèlement et démolition de l’ennemi socialiste, si possible sans effusion de sang innocent. Les unes de ces gazettes brillent de titres répétant le mantra du dictateur Ortega, avec la même allégresse que leurs collègues espagnols appelant José María Aznar président.
Danilo Aguirre et Jaime Chamorro
Ils oublient, semble-t-il, qu’un vrai satrape aurait fermé d’un trait de plume ces journaux, radios et stations de télévision, qui continuent à égrener leur chapelet d’insultes et de défis, atteignant le sommet de la paranoïa médiatique quand, comme cette semaine, l’objectif n’est plus Ortega lui-même, mais les magistrats qui composent la Cour Suprême de Justice du pays.
Il n’est pas hasardeux d’affirmer que les deux dirigeants de journaux (Nuevo Diario et La Prensa) sont en train de chauffer la population, ou au moins de créer un dangereux bouillon de culture, pour rendre crédible et inévitable un putsch à la Micheletti, comptant bien sûr sur la bénédiction obligée et l’assentiment de l’église catholique nicaraguayenne (comme au Honduras), mais non sur celle de l’armée, à la différence de ses collègues honduriens, même si elle est bien loin de l’exemple des militaires vénézuéliens, boliviens, équatoriens ou cubains, dont la défense de la volonté populaire est admirable, si nous la comparons avec d’autres forces armées, y compris en Europe. Ces mots d’un chauffeur de taxi de Managua au signataire de ces lignes sont dans une certaine mesure tranquillisants : «Ici, ce qu’on a pu faire avec Zelaya ne peut pas se passer avec Ortega. Nous serions des milliers de citoyens, de camarades femmes, de travailleurs qui en plus possédons une bonne formation militaire, à descendre dans la rue pour défendre la démocratie, pour bloquer, comme à Caracas, un possible coup d ‘Etat ».
Qui a intérêt à ce que se répète l’histoire récente ? Les médias néolibéraux, l’OEA elle-même, la Maison Blanche ou la Communauté Européenne seront-ils disposés à condamner un nouveau coup d’État en Amérique Centrale, aussi peu sanglant soit-il, en brandissant un inexistant respect pour la légalité internationale, l’accomplissement des normes propres de leurs organisations respectives pour ce qui à trait à la défense de la démocratie, sachant que, dans le cas de l’OEA, jamais elle n’osa expulser de son sein des régimes génocides comme ceux qui massacrèrent l’Uruguay, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Paraguay, le Guatemala, le Salvador, etc. et qu’en plein 21ème siècle, elle ne sert qu’à organiser et parrainer des conversations entre les parties en conflit ? Est-il possible de croire en toute confiance que l’on puisse arriver à un accord entre partisans d’une dictature et démocrates convaincus, sans que ces derniers subissent une spectaculaire défaite ?
Peut-être que oui. L’Espagne l’a démontré en 1977, et on a vu ou ça l’a menée.
Madrid, 25 octobre 1977: signature des Pactes de la Moncloa pour la transition à la démocratie constitutionnelle. De g. à dr. Enrique Tierno Galván, Santiago Carrillo, José Maria Triginer, Joan Reventós, Felipe González, Juan Ajuriaguerra, Adolfo Suárez, Manuel Fraga Iribarne, Leopoldo Cavo Sotelo et Miguel Roca
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