dimanche 25 octobre 2009

La méritocratie républicaine ou l'art de monter sans coucher : l’exemple de Jean S.

par IAY, 24/10/2009
Ce samedi 10 octobre dans l’émission « On n'est pas couché » sur France 2, Laurent Ruquier recevait Jean-Pierre Mocky, un réalisateur, acteur, producteur, écrivain etc. du septième art, de la télé et du théâtre français.
Dans son dernier livre qui vient de sortir,  Jean-Pierre Mocky, Pensées Répliques et Anecdotes, Jean-Pierre décrit l’art de fonctionnement des actrices pour monter aux sommets :
« Si on connaissait le passé de la plupart de nos grandes actrices actuelles, y compris les jeunes, on serait surpris d'apprendre qu'elles ont plus travaillé allongées que debout ».
« Dans notre métier de torturés, il y a beaucoup de putes et de filles ingérables. J'appelle "putes" les actrices qui sont prêtes à tout pour y arriver. Elles couchent avec tout le monde et n'importe qui dans l'espoir de gravir un échelon ou de trouver un rôle. D'autres, les ingérables, sont calculatrices, elles ne baisent qu'utile. Elles cherchent le mec qui pourra vraiment les aider et se donnent à lui. Conclusion, presque toutes les actrices appartiennent à l'une ou l'autre catégorie ».
Jean-Pierre a dit des choses encore plus explicites mais c’est déjà suffisant pour comprendre que dans son secteur d’activité, la méritocratie c’est l’art de monter en couchant.
Ce fut un coup au moral pour moi qui croyais que dans notre République, la méritocratie était une valeur fondamentale qui s’appliquait partout, et que pour réussir, seuls comptaient le talent, les capacités et le travail ? Suis-je naïf ou quoi ?
Puis je me suis dit que le monde du cinéma était peut-être hors catégorie, mais qu’ailleurs, c’était la vraie méritocratie qui s’appliquait. Il suffit d’avoir du potentiel, de croire en soi et de travailler dur et on grimpera toutes les échelles de la République.
Et voilà que cette histoire d’Amine avec Monsieur Hortefeux me traverse l’esprit. Vous vous souvenez d’Amine, ce jeune militant UMP issu de l’immigration comme on dit, d’origine arabe pour être explicite, mais bien intégré car il boit de la bière et il mange du cochon. Monsieur Hortefeux, ministre de l’Intérieur de notre pays et précédemment ministre de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale de notre douce France, a déclaré en croisant Amine lors de l’université d’été de l’UMP ce mois de septembre : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un,  ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ».
Amine, fier de son origine arabe, n’a pas supporté l’insulte et a tout de suite déchiré sa carte UMP, donnant une leçon de morale à monsieur le ministre devant tout le monde ? Mais non, bien sûr que non, car Amine, lui, est un jeune militant ambitieux et il veut réussir en politique. Il a même immédiatement diffusé une vidéo pour démentir les mauvaises langues, soutenir Monsieur Hortefeux, l’ami du Président, et dire qu’il s’agissait d’un échange « entre amis » (sic !) et qu’il n’y avait aucune injure.
 Cliquer sur l’image pour écouter Amine

Monsieur Hortefeux a essayé de corriger sa bévue en déclarant qu’il visait les Auvergnats. Mais personne ne semblait l’avoir cru, car au fond, personne ne voyait ce que ces Auvergnats avaient fait de mal. À moins qu’ils ne soient des descendants des Sarrasins qui sont peut-être passés par là ?
Bref cette histoire m’a porté un autre coup au moral. Est-ce que cela veut dire que même en politique dans notre République, une grande démocratie et pays des droits de l’Homme, on ne peut monter sans coucher ?
Le doute commence à m’envahir !
Et voilà que les médias commencent à parler de cette autre histoire qui m’a enfin remonté le moral. Vous savez c’est l’histoire de cet autre jeune, il s’appelle Jean je pense, issu de l’immigration et qui vient lui aussi de la banlieue.
Jean est un brave monsieur-tout-le-monde, il n’appartient pas aux grands corps de l’état, il n’a pas fait Polytechnique, il n’a pas fait l’ENA, son papa non plus d’ailleurs. Mais cela n’a fait que lui donner plus de courage et de volonté pour réussir et grimper les échelles malgré toutes les embuches qui se sont dressées devant lui. Avec son bac+2 en droit et confiant de son potentiel, il s’est battu pour se faire élire comme conseiller général dans l’un des départements français et le voilà en route, avec sa jeunesse et son dynamisme, pour se faire élire à la tête d’un grand organisme public, là aussi malgré toute la résistance de la vieille garde en voie de déclin.
 
Jean S., un modèle à suivre

Quelle belle histoire de la méritocratie dans notre République. Quelle leçon grandiose que notre République donne à toutes ces grandes démocraties du monde, mais surtout quel message d’espoir que cela donne à tous les jeunes, notamment ceux issus de l’immigration et des banlieues, pour leur dire de croire en eux-mêmes et en leur chance et de ne jamais baisser les bras. Jean l’a fait, et eux aussi, ils peuvent le faire.
Alors, un dernier conseil à tous les jeunes en classe de terminale alors que l’heure du choix de leurs filières d’études supérieures s’approche. Ayez de l’ambition, et visez la voie royale. Optez pour une licence en droit et évitez de longues études inutiles et destinées aux plus paresseux. Vous pouvez vous arrêter à bac+2, lancez-vous dans la vie active et votre chemin est tout tracé. Faites-vous élire comme conseiller de quelque chose ou comme député de votre coin et vous pouvez ensuite postuler pour diriger nos organismes publics, voire nos grandes entreprises comme France Télécom, car c’est l’heure de renouveler les générations.

Jeunes gens, vous allez pouvoir monter en haut et vous n’avez pas besoin de coucher. C’est votre chance. Saisissez-là. Soyez des Jean, ne soyez pas des Amine !
Me voilà enfin rassuré pour l’avenir de mes enfants, et je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles.
C’est ça, le « French Dream » !


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