par Karl MÜLLER, Zeit-Fragen, 21/9/2009. Traduit par Michèle Mialane, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Jetzt ehrlich und auf der Grundlage des Rechts mit Iran verhandeln!
Le 1er octobre commencent des négociations entre les cinq puissances nucléaires siégeant au Conseil de sécurité, l’Allemagne et l’Iran. Le monde attend que ces négociations soient menées sur la base des traités internationaux et avec la volonté résolue de parvenir à une solution pacifique.
En politique, la morale consiste en premier lieu à respecter le droit et à l’appliquer; à créer et garantir des conditions conformes au droit. Parmi les nations surarmées deux Etats, les USA et Israël, et leurs gouvernements, ainsi que leurs alliés, se sont distingués au cours des dernières années et décennies par leur non-respect du droit international, faisant ainsi preuve d’une totale imprévisibilité et plongeant le monde dans un état permanent de tension et de choc.
Ils ont contrevenu consciemment et de manière éclatante à la Charte des Nations Unies dont l’article 2, paragraphe 4, énonce que «les membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.»
Les violations graves et répétées du droit imputables au gouvernement israélien ont été attestées plusieurs fois par des commissions d’enquêtes et institutions internationales, en dernier lieu par la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les actes commis par l’armée israélienne dans la bande de Gaza fin 2008/début 2009.
La menace d’utiliser la force contre l’Iran, en violation du droit international, et les actions illégales et violentes des services secrets en cours sur le territoire iranien durent depuis des années déjà et depuis des années des indices et témoignages à prendre très au sérieux font état de préparatifs de guerre de la part des gouvernements israélien et US.
C’est pourquoi il est plus que justifié que de nouveaux indices d’un danger de guerre imminent, par exemple ceux que nous citons dans l’appel ci-après, pris parmi d’autres uniquement à titre d’exemple, aient poussé des personnalités pacifistes à élever leur voix pour une mise en garde.
Personne de l’extérieur ne sait avec certitude ce qui est en projet ou déjà décidé dans les officines de Washington et Tel Aviv. Mais l’éternel retour de possibles scénarios de guerre devient déjà en soi insupportable, dès lors qu’il ne sont pas assortis de contre-projets et de modalités de règlement pacifique. Les «discussions» se déroulent alors par-delà le droit et l’aspect humain, et de pareils «projets», même s’ils ne sont encore que des idées, terrorisent les peuples du monde.
Et ceci d’autant plus qu’on menace ouvertement d’une guerre atomique. Dès mars 2006 Stephen M. Osborn qui, dans les années 50 du siècle dernier, était présent lors de la mise à feu de bombes atomiques dans le Pacifique, faisant des populations autochtones de simples cobayes, avait exposé dans ces pages ce que signifie pour l’humanité l’emploi de «bunker busters» (bombes anti-bunkers à charge pénétrante) atomiques contre des installations nucléaires iraniennes. Il écrivait, il y a trois ans et demi: «Si l’on tire des ‹bunker busters› en Iran, des centaines de milliers de tonnes de terre, d’eau et de rochers seront vaporisés, et cette ‹soupe radioactive›, dispersée par les vents, tuera ou rendra malades des peuples entiers [...] Les cas de cancers et maladies diverses augmenteront de façon prononcée dans le monde entier.»
Tout ceci et bien d’autres choses encore doivent mettre tous les gouvernements dans l’obligation de déclarer haut et fort que l’option guerrière est définitivement exclue et d’exiger le retour sur le terrain du droit.
Le 1er octobre, toutes les puissances nucléaires, l’Allemagne et l’Iran engageront des négociations directes au Conseil de sécurité. Ces derniers jours se sont fait entendre dans les médias des signaux qui pourraient servir de point de départ à un règlement pacifique du conflit au Proche-Orient.
• Le 16 septembre, le magazine US Newsweek («Intelligence Agencies Say No New Nukes in Iran») écrivait que les services secrets du Président des USA avaient confirmé en novembre 2007 que l’Iran avait abandonné son programme nucléaire militaire depuis 2003.
• Le 17 septembre, plusieurs agences de presse occidentales (Reuters, AFP) annonçaient que le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, avait «changé de langage relativement à l’Iran» dans une interview accordée au quotidien «Yediot Aharonot». Selon Barak, l’Iran ne représenterait pas une menace sérieuse pour l’Etat juif: «Israël est fort, je ne vois personne qui puisse être une menace pour son existence.»
• Le même jour, la chaîne allemande Phoenix publiait un communiqué de presse où elle attirait l’attention sur une interview (retransmise le 20 septembre) du Président du Service fédéral de renseignement (BND), Ernst Uhrlau. Dans cette interview, le chef des services secrets allemands démentait une annonce, faite précédemment, selon laquelle ses services auraient prétendu que l’Iran était sur le point de fabriquer une bombe à uranium: «Cette citation ne correspond pas aux déclarations du BND, car l’Iran n’est pas en mesure de se nucléariser dans les six mois qui viennent.»
• Le Président des USA a fondé son renoncement au stationnement de systèmes antimissile en Pologne et Tchéquie entre autres sur le fait que l’Iran rencontrait plus de difficultés que prévu à mettre au point des lance-missiles à longue portée.
• Last but not least: L’Iran lui-même a déclaré par la voix de son ambassadeur en Autriche, dans une interview accordée à la «Wiener Zeitung» du 18 septembre, qu’il ne menaçait pas Israël et ne représentait pas un danger pour ce pays: «L’Iran n’a jamais dit qu’il attaquerait militairement Israël. Quand des représentants de mon pays ont dit qu’Israël ne devait pas exister sous cette forme, ils entendaient par là qu’ils rejetaient le système sioniste et la tyrannie, non qu’ils désiraient éradiquer Israël au moyen d’une attaque militaire.»
On est encore loin de déposer les armes, mais ce sont là des signaux indiquant qu’il existe une autre voie que celle de l’escalade. Et cette autre voie, il faut l’emprunter. Au sein des think tanks qui ont de l’influence sur les gouvernements US et israéliens il doit bien y avoir assez de matière grise pour mesurer les effets catastrophiques d’une nouvelle guerre, vraisemblablement nucléaire de surcroît, et pour rechercher une voie diplomatique et la trouver.
Et assez, aussi, de jugeote pour rejeter des voix comme celle de l’atlantiste allemand Josef Joffe. Il avait, dans la livraison de septembre/octobre 2009 de la revue allemande Internationale Politik et dans la revue US Foreign Affairs qui paraît en parallèle, déliré au sujet des USA, puissance hégémonique mondiale, et de leur «culture de guerre». Il faut aussi rejeter clairement des points de vue tels que celui, paru dans le journal londonien «Times» le 18 septembre, selon lequel les «intentions agressives» de l’Iran seraient une «menace pour l’Occident». De telles affirmations constituent une perversion de la réalité.
«War is obsolete» [la guerre est caduque], déclarait il y a deux ans dans ces colonnes Doug Rokke, vétéran US de la guerre du Golfe et expert en armes à l’uranium. Et de fait, c’est un droit fondamental pour le genre humain que d’avoir des gouvernements qui respectent le droit, renoncent à la violence et résolvent les conflits par le biais de négociations pacifiques. C’est la seule voie acceptable dans un monde civilisé.
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