dimanche 18 octobre 2009

Renforcement du FMI et de la Banque mondiale : lourde menace pour les peuples du Sud et du Nord



par Renaud Vivien, Damien Millet, Eric Toussaint, CADTM, 10/10/2009
C’est dans un climat de répression que se sont achevées à Istanbul les assemblées
annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Pour la deuxième journée consécutive, les 10 000 policiers turcs mobilisés pour l’occasion n’ont  pas hésité à utiliser canons à eau, gaz lacrymogène et véhicules blindés pour disperser les manifestants.

Le même scénario s’était produit fin septembre lors du sommet du G20 à Pittsburgh où les manifestations contre cet « ersatz » de G8 avaient également été réprimées par les forces de police. Le FMI et la Banque mondiale ont tenu ces réunions controversées quelques jours après la décision du G20 de modifier les droits de vote au sein des deux institutions : 5% des quotes-parts au FMI et 3% des droits de vote à la Banque mondiale doivent ainsi être transférés vers « les pays émergents et en développement dynamiques » d’ici janvier 2011. Leur système actuel était de plus en plus contesté, tant par les pays du Sud que pas les mouvements sociaux : il repose sur la règle « 1 dollar égale une voix », contrairement à l’Assemblée générale de l’ONU où chaque pays possède une seule voix.

Pour le directeur général du FMI, le socialiste français Dominique Strauss-Kahn, il s’agit là « de décisions historiques ». Mais pour le CADTM, c’est une sinistre farce. En effet, ce transfert ne change rien aux rapports de force au sein des deux institutions. A titre d’exemple, la Chine, qui en sera un des principaux bénéficiaires, détient environ 3% des droits de vote aujourd’hui, très loin derrière les Etats-Unis qui possèdent à eux seuls plus de 16%, leur garantissant  de facto un droit de veto sur toutes les grandes décisions. Le groupe emmené par le Rwanda, qui regroupe 24 pays d’Afrique noire et représente 225 millions d’individus, possède quant à lui 1,39 % des droits de vote ! Nul besoin d’être mathématicien pour comprendre que ces réformettes annoncées à grand renfort médiatique ne transformeront pas la Banque mondiale et le FMI en organisations démocratiques. D’ailleurs le seront-elles un jour vu que le système actuel ne peut être modifié sans l’accord des Etats-Unis ? Autre fait aggravant : depuis 1944, le président de la Banque mondiale a toujours été un citoyen des Etats-Unis tandis que le directeur du FMI est toujours un ressortissant européen en vertu d’une règle tacite. Ce partage des pouvoirs combiné à cette répartition des droits de vote profondément anti-démocratique prouvent bien que le FMI et le Banque mondiale constituent des instruments aux mains des puissances occidentales pour imposer au reste du monde des politiques servant leurs intérêts propres.

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