lundi 5 octobre 2009

En 1989, Lewis Amselem, l’actuel représentant des USA à l’OEA a couvert une affaire de torture, au Guatemala

par Jean-Guy ALLARD, 2/10/2009. Traduit par Pedro Da Nóbrega, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Lewis Amselem, le chef de la délégation usaméricaine à l'Organisation des États américains (OEA), qui a qualifié d’“irresponsable” et “stupide” le retour dans son pays du Président hondurien Manuel Zelaya a fait l’objet d’une dénonciation, il y a quelques années, pour avoir couvert les individus, dont un de nationalité usaméricaine , qui avaient torturé et violé une religieuse usaméricaine au Guatemala.

Le 2 novembre 1989, Dianna Ortiz a été séquestrée, violentée et torturée par des membres des forces de sécurité du Guatemala encadrés par un citoyen usaméricain.

Depuis lors, Ortiz a tenté, sans relâche, d’obtenir du gouvernement des USA la réouverture des dossiers concernant toutes les victimes d’actes de violence au Guatemala, pendant la période des dictatures pro-US.

"Le retour du Président Zelaya au Honduras est irresponsable et stupide et ne sert ni les intérêts de son peuple ni ceux qui œuvrent au rétablissement pacifique de l’ordre démocratique au Honduras", a déclaré Lewis Amselem, avec l’arrogance caractéristique du représentant dûment mandaté des USA auprès de l’Organisation des États américains.

Amselem a séjourné au Guatemala en tant qu’“Attaché aux Droits de l’Homme” de l’ambassade des USA à l’époque du gouvernement de Vinicio Cerezo, une administration civile sous laquelle l’armée a réprimé de la manière la plus sauvage la guérilla. Cerezo a été critiqué pour son inertie face aux affaires de violations des droits de l’homme.

Comme par coïncidence, 1989 est l’année où l’agent de la CIA et terroriste d’origine cubaine Luis Posada Cariles se trouve au Guatemala sous une couverture de chef de la sécurité de l’entreprise téléphonique d’Etat Guatel. Le Président Vinicio Cerezo lui accordera des pouvoirs spéciaux qui le transformeront virtuellement en gangster. On lui attribue de nombreux assassinats, enlèvements, escroqueries et règlements de comptes.


Dianna Ortiz

UNE FOSSE PLEINE DE CADAVRES

Dianna Ortiz était sœur de la congrégation des Ursulines quand elle a décidé de se consacrer aux plus humbles et de se rendre en Amérique Centrale avec d’autres religieuses pour y être infirmière dans des petits villages indigènes. Elle a très vite été la cible de menaces anonymes l’accusant de complicité avec la guérilla et lui intimant de retourner dans son pays.

Selon son récit des faits intervenus ce jour de novembre 1989, deux hommes l’ont capturée dans le jardin d’un centre communautaire et l’ont emmenée à bord d’un véhicule de police banalisé jusqu’à l’Ancienne Ecole Polytechnique, une académie militaire de la ville de Guatemala.

Débute alors un effroyable interrogatoire où Dianna Ortiz subira plus de 100 brûlures de cigarettes et sera violée à répétition par ses bourreaux pour qu’elle identifie des “subversifs”. Les violences ont été telles qu’elle a fini par perdre connaissance.

Selon le rapport publié en 1996 par la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), Dianna Ortiz “, ayant repris connaissance un moment, s’est rendue compte qu’elle avait les poignets attachés à un crochet au-dessus de sa tête. Il lui semblait être dans un patio. Elle a alors remarqué que plusieurs personnes déplaçaient une lourde dalle à l’étage. On l’a à ce moment-là jetée dans une fosse emplie de corps. Elle s’est de nouveau évanouie. Quand elle a repris conscience, elle gisait au sol et des hommes avaient recommencé à abuser d’elle sexuellement”.

L’interminable séance de torture a cessé lors de l’arrivée d’un individu, qui a affirmé s’appeler Alejandro, en lui expliquant qu’elle avait été prise pour une dirigeante de la guérilla nommée Verónica Ortiz Hernández. Alors qu’ “Alejandro” l’emmenait dans sa Jeep à la “maison d’un ami de l’ambassade”, Dianna s’est échappée en profitant d’un arrêt à un feu rouge.

UN RESIDU DES BUSH

Cette femme, déjà détruite par cette affreuse expérience, devra ensuite subir un véritable calvaire pendant les années suivantes.

Le ministre guatémaltèque de la Défense Hector Gramajo a affirmé publiquement que Dianna Ortiz avait forgé son histoire de toutes pièces, en y ajoutant des insultes et des insinuations outrageusess de nature sexuelle.

En enquêtant sur cette affaire, des reporters de la chaîne de télévision ABC News ont identifié la source de ces rumeurs infâmantes. Elles provenaient de l’Attaché aux Droits de l’Homme Lewis Amselem qui, questionné sur le sujet, a nié de façon véhémente toute implication.

Le Révérend Joseph Nangle de la Communauté de Saint François a révélé plus tard qu’Amselem avait évoqué devant lui le sujet, avec une grossièreté qui l’avait scandalisé.

D’autres confidences de personnes ayant eu des conversations à l’époque avec le diplomate US ont corroboré les déclarations de Nangle en ajoutant même qu’Amselem ne cessait de tenir des propos injurieux sur la présence de volontaires religieux dans les communautés indigènes du Guatemala.

Le 16 octobre 1996, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, se basant sur les informations présentées, sur son enquête et sur son analyse de l’affaire, a conclu à la véracité des déclarations de Dianna Ortiz et a condamné le gouvernement du Guatemala.

Malgré tout, les USA, leur ambassadeur Thomas F. Stroock et le fonctionnaire Amselem, qui n’ont cessé de faire obstruction à l’enquête, ne sont pas mentionnés dans le document.

En 1995, un tribunal usaméricain a condamné Hector Gramajo à payer 47 millions de dollars à Dianna Ortiz et à ses autres victimes.

Amselem est un diplomate qui a prospéré sous les administrations Bush et qui est resté comme résidu, à l’instar de bien d’autres éléments d’ultradroite, sous l’actuelle administration Obama.

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