par
Gorka Larrabeiti, 11/12/2012.Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
Hier, Van Rompuy, Barroso et Schulz, respectivement président du Conseil européen, président de la Commission européenne et président du
Parlement européen, ont reçu au nom de l'Union européenne le Prix Nobel
de la paix des mains du Premier ministre norvégien. Curieusement, la
Norvège, pays qui a donné le prix ne fait pas partie de l'UE, mais bon.
On a aussi été frappé aussi par l'absence de six chefs de gouvernement
des 27, dont celle, significative, de David Cameron, Premier ministre
britannique.
Le discours commun de Van Rompuy et Barroso était
intitulé: "De la paix à la guerre : Une histoire européenne". Van Rompuy
y a souligné ce qu'a apporté l'idée d'Europe, qui a mis au point un
«art du compromis». Barroso, quant à lui, a fait deux affirmations
utiles à recueillir: "[L'UE] est un nouvel ordre juridique, qui est basé
non sur l'équilibre des pouvoirs entre les nations, mais sur le libre
consentement des États à partager la souveraineté." Et un peu plus loin,
parlant de la nécessité d'une Union plus grande, il révèle une clé
importante à la compréhension de l'acte: "Aujourd'hui, l'un des symboles
les plus visibles de notre union est dans les mains de tout un chacun.
C'est l'Euro, la monnaie de notre Union européenne." Eh oui, l'Euro.
L'euro et son sauvetage, grand mythe magistralement dévoilé par Escif.
Si vous descendez dans la rue et demandez à un
citoyen ordinaire combien de devises il y a dans l'UE, il est possible
qu'il réponde comme Barroso, président de la Commission: "Une seule :
l'euro". Mais nous savons que ce n'est pas le cas. Dans l'UE, nous avons
également la livre sterling, le zloty polonais, la couronne suédoise et
danoise, le florin hongrois, le leu roumain, le lev bulgare, la
couronne tchèque, le lat letton, le lita lituanien, la kuna croate (la
Croatie va bientôt devenir le 28ème État membre) et, à l'extérieur de
l'UE, le franc suisse, la couronne norvégienne, la couronne islandaise,
le dinar macédonien, le lek albanais, le dinar serbe, le mark
convertible bosniaque (BAM). C'est la propagande qui insiste sur le
caractère unique de l'euro. Et pourquoi donc ?
Bon, d'accord: l'euro n'est pas la monnaie de
l'Union européenne, mais seulement l'une d'elles. Mais que fait l'Union
européenne? La confusion des institutions en Europe est grande. Je colle
ici ce schéma de Fischer parce que parfois, une image vaut mille mots.
Enzo Apicella |
Après avoir observé le graphique, il n'y a aucune difficulté à admettre que l'Union européenne est plus désunie que jamais. Désunion en politique étrangère, où elle est incapable de parler d'une seule voix sur les massacres en Palestine et sur la guerre en Syrie ou sur l'adhésion de la Turquie, ou sur la paix dans les Balkans. En dépit des assurances que l'institution d'un Service européen des affaires étrangères ferait que l'UE parle d'une seule voix et aurait une diplomatie active, le printemps arabe, la Palestine et la guerre au Congo ne démontrent qu'une seule chose : que l'UE continue à être un excellent producteur et marchand d'armes qui fait des affaires avec la guerre.
Il n'y a pas d'accord sur la taxation financière,
ni sur le rôle de la BCE, ni sur ce qu'il faut faire avec la faillite de
la Grèce (et le reste des pays, dits les petits cochons). Cette UE
apparaît aussi économiquement désunie. Le Nobel de la Paix, qui a
suscité tant d'indignation, s'inscrit dans ce cadre. Ce qui est
aujourd'hui en crise ce sont les bases premières, la raison d'être de
cette Union européenne: "l'économie sociale de marché hautement
compétitive" (article 3 du traité de Lisbonne), et l'instrument pour la
mener à bien, à savoir l'Euro (article 4). Le Nobel de la paix n'a été
rien d'autre qu'un exercice de propagande médiatique pour renforcer la
monnaie unique et ce qu'elle représente: la soumission des parlements
nationaux souverains à un pouvoir monétaire supranational. Le soutien
qu'a reçu hier Mario Monti, de tous les pouvoirs européens est très
significatif. Mieux vaut une technocratie qui respecte et soutient les
«ajustements structurels» nécessaires, même au prix de la mort de
citoyens, qu'un populisme berlusconien qui pourrait menacer la
suprématie de l'Allemagne ou même l'euro. Avec l'euro, on nous applique
les politiques appliquées par Reagan en son temps. Sans euro, nous
menacent-ils, c'est la guerre.
Ce n'est pas une période de paix que l'Europe connaît aujourd'hui, mais une guerre économique qui provoque
toujours plus de misère, de faim et de mort. Ce prix est une récompense
qui tente d'écarter le présent noir et le zéro futur d'une Union qui
n'a rien à voir avec l'esprit européaniste de ceux qui, en 1941,
écrivaient dans les prisons fascistes sur la nécessité d'une union
politique (et non pas monétaire ni économique) pour éviter une troisième
catastrophe sur le vieux continent. Spinelli et Rossi écrivaient :
Pour répondre à nos exigences, la révolution européenne devra être socialiste, c'est à dire qu'elle devra proposer l'émancipation des classes ouvrières et la réalisation, à leur profit, de conditions de vie plus humanisées.
Le principe véritablement fondamental du socialisme (…) est celui selon lequel les forces économiques ne doivent pas avoir le pas sur les hommes mais leur être soumises et être guidées et contrôlées par eux, comme cela se passe pour les forces naturelles, de la façon la plus rationnelle et afin que les grandes masses n'en soient plus les victimes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire