par Esther Vivas إستر فيفاس .Traduit par Ataulfo Riera, Avanti4.be, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Ramener
les femmes au foyer. C'est de toute apparence ce que cherchent les
politiques actuelles de sortie de crise. Des politiques qui ont une
claire orientation idéologique, tant au niveau économique que social.
Le manuel de la parfaite épouse
11 règles pour rendre votre mari heureux Soyez l'épouse dont il a toujours révé (Espagne, années 50) : le programme de Rajoy ?
1/ Préparer un délicieux repas pour son cher mari qui est généralement affamé lorsqu’il rentre chez lui.
2/ Se pomponner et être la plus belle. Ne pas oublier qu’il rentre d’une harassante journée de travail.
3/ Faire tout son possible pour le distraire et lui faire passer un agréable moment.
4/ Vérifier que toute la maison est bien propre et que les sols brillent avant que son cher mari ne rentre.
5/
Veiller à son bien-être apporte une immense satisfaction personnelle,
c’est pourquoi il faut penser, particulièrement en hiver, à lui
préparer toutes les commodités possibles comme le feu de cheminée, ou
les chaussons prêts à être enfilés.
6/
Les enfants sont de petits trésors qu’il faut choyer. Il ne faut pas
hésiter à leur laver les mains ou leur acheter des vêtements en cas de
besoin.
7/ Éviter de faire du bruit. Ils en supportent assez toute la journée au bureau.
8/ Sourire et lui montrer avec sincérité le bonheur que nous procure la vie qu’il nous offre.
9/
Écoutez-le. Son retour à la maison n’est pas le meilleur moment pour
lui parler de ce qui nous tracasse. Ses sujets de conversation sont
plus importants que les nôtres.
10/
Mettez-vous à sa place (litt. dans ses godasses). Attendre patiemment
qu’il rentre, même si ce n’est pas directement après le travail, et
comprendre qu’il puisse avoir envie de se détendre sans nous. Il est
nécessaire de l’attendre à la maison.
11/ Ne pas l’assommer avec nos problèmes personnels. Ils sont insignifiants comparés aux soucis qu’il peut rencontrer.
Une bonne épouse sait toujours où est sa place.
Faites-le
se sentir à l'aise. Laissez-le s'installer confortablement dans son
fauteuil. Préparez-lui une boisson chaude. Arrangez son coussin et
offrez-lui de lui enlever ses chaussures. Parlez d'une voix douce et
agréable...
|
Dans la mesure où l’on coupe dans les services publics de base, comme
la santé et l’enseignement, et dans des prestations sociales diverses,
comme la Loi sur la Dépendance*, il y a tout un travail de soin,
invisible mais nécessaire, qui finit par retomber, majoritairement, sur
les femmes. L’attaque frontale contre un État-Providence en piteux état,
de même que le transfert du coût de la crise sur les secteurs
populaires se fait sur notre dos.
Ce n’est pas pour rien que le système capitaliste se perpétue dans
une bonne mesure à partir du travail domestique non salarié que nous,
les femmes, effectuons, surtout au foyer. Une quantité de travail
énorme, non rémunéré, dont on ne peut se passer et dont le capitalisme a
besoin pour subsister.
A peine arrivé au pouvoir, le gouvernement du PP avait annoncé une réduction de 283 millions d’euros dans le budget déjà très anémique de la Loi sur la Dépendance, l’entraînant au bord de la disparition. Une mesure qui, outre qu’elle prive d'aide quelque 250.000 personnes et rend quasiment impossible à de nouveaux bénéficiaires d'y accéder, a augmenté la pression sur les femmes. Les soins qui ne sont déjà plus assumés par l’administration publique retombent dans le domaine privé, dans le foyer et tout particulièrement sur les mères et les filles de personnes dépendantes. Le bien-être familial se maintient par l’augmentation du travail domestique.
Si, nous analysons les chiffres des personnes inactives en 2010 fournis par l’Institut National de Statistiques (INE), 96,4% des personnes qui avaient déclaré ne pas chercher du travail pour des raisons familiales (élever les enfants, s’occuper d’adultes malades, de personnes handicapées, etc.) étaient des femmes. Et dans la mesure où elles ont des enfants, leur taux d’occupation diminue. Le taux d’emploi des femmes sans enfants se situait à 77%, tandis que chez celles qui ont des enfants il était de 52%. Par contre, le taux d’occupation masculin n’était pas affecté et il augmentait même dans le cas d’hommes ayant des enfants. Conclusion : la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée se réalise grâce à l’exclusion du travail, à la précarité et/ou à des rythmes de vie frénétiques et intenables pour de nombreuses femmes.
D’autres mesures prises par le gouvernement, telles que le gel des retraites et l’allongement de la période d'annuités de cotisation, ont également des conséquences très négatives pour nous. Une plus grande présence dans l’économie informelle et, bien souvent, une vie professionnelle intermittente du fait des soins à des personnes dépendantes rendent difficile l'obtention du quota minimal d'annuités de cotisation.
Les femmes viennent en tête des emplois mal payés et socialement dévalorisés. Sur l’ensemble des emplois à temps partiel, 77,6% sont occupés par des femmes. Et la précarité du travail, qu'accentue encore sa dernière réforme, rend d’autant plus difficile de garantir notre autonomie et de concilier vie personnelle et vie familiale. Ainsi, il est important de souligner que les deux sexes ne partent pas sur un pied d’égalité sur le marché du travail. Les femmes gagnent en moyenne près de 22% de moins par an que les collègues masculins, selon la dernière Enquête Annuelle sur la Structure des Salaires publiée en 2009 par l’INE, et cette discrimination salariale augmente avec le niveau d’études.
Outre ces coupes dans nos droits sociaux et du travail, nous devons affronter une offensive réactionnaire croissante contre nos droits sexuels et reproductifs. La réforme de la loi sur l’avortement que projette le PP, qui veut limiter encore plus les conditions, les délais et les cas concernés pour avorter et qui nous fait revenir plusieurs années arrière, n’est que la pointe de l’iceberg de politiques qui cherchent à imposer un modèle de sexualité hétérosexuelle, axé sur la reproduction, et à contrôler la capacité reproductive des femmes. Ils ne veulent pas que nous ayons le droit de décider de nos propres corps ni de nos vies, de là découle la menace d’un châtiment pénal en cas d’avortement.
En ce 25 novembre, nous revendiquons cette journée contre la violence machiste afin de rendre visible une violence invisible mais quotidienne et persistante contre les femmes, qui ne fait que s’aiguiser dans le contexte actuel de la crise. Au second trimestre 2012, les plaintes pour violence machiste ont augmenté de 5,9% par rapport aux trois premiers mois de l’année. Et les femmes qui souffrent de ces situations sont de plus en plus mal aidées à cause des réductions des ressources publiques.
La CiU [Convergence et Union, parti nationaliste de droite au pouvoir en Catalogne, NdT] a convoqué pour aujourd’hui, 25 novembre, des élections pour le Parlement catalan et la Junte électorale a interdit la manifestation qui devait avoir lieu et qui, de toute façon, a été maintenue. Mais, comme le signale la section Femmes de la Fédération des associations de voisins de Barcelone : « Ce n’est pas la manifestation des collectifs féministes qui coïncide avec le rendez-vous électoral, c’est au contraire l’appel aux urnes qui se produit un 25 novembre ». Un fait qui prouve, une fois de plus, que l’intérêt des politiques pour cette question est équivalent à zéro.
La sortie de crise actuellement envisagée cherche à nous ramener au foyer et à nous faire reprendre des rôles familiaux catalogués par genre d’une manière rétrograde. Il s’agit d’une offensive en règle contre nos droits économiques et reproductifs. Mais nous n’allons pas nous laisser faire. Qu’importe si cela déplaît à certains, mais c’est nous qui décidons. Le retour des femmes au foyer ? Même pas dans vos rêves !
A peine arrivé au pouvoir, le gouvernement du PP avait annoncé une réduction de 283 millions d’euros dans le budget déjà très anémique de la Loi sur la Dépendance, l’entraînant au bord de la disparition. Une mesure qui, outre qu’elle prive d'aide quelque 250.000 personnes et rend quasiment impossible à de nouveaux bénéficiaires d'y accéder, a augmenté la pression sur les femmes. Les soins qui ne sont déjà plus assumés par l’administration publique retombent dans le domaine privé, dans le foyer et tout particulièrement sur les mères et les filles de personnes dépendantes. Le bien-être familial se maintient par l’augmentation du travail domestique.
Si, nous analysons les chiffres des personnes inactives en 2010 fournis par l’Institut National de Statistiques (INE), 96,4% des personnes qui avaient déclaré ne pas chercher du travail pour des raisons familiales (élever les enfants, s’occuper d’adultes malades, de personnes handicapées, etc.) étaient des femmes. Et dans la mesure où elles ont des enfants, leur taux d’occupation diminue. Le taux d’emploi des femmes sans enfants se situait à 77%, tandis que chez celles qui ont des enfants il était de 52%. Par contre, le taux d’occupation masculin n’était pas affecté et il augmentait même dans le cas d’hommes ayant des enfants. Conclusion : la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée se réalise grâce à l’exclusion du travail, à la précarité et/ou à des rythmes de vie frénétiques et intenables pour de nombreuses femmes.
D’autres mesures prises par le gouvernement, telles que le gel des retraites et l’allongement de la période d'annuités de cotisation, ont également des conséquences très négatives pour nous. Une plus grande présence dans l’économie informelle et, bien souvent, une vie professionnelle intermittente du fait des soins à des personnes dépendantes rendent difficile l'obtention du quota minimal d'annuités de cotisation.
Les femmes viennent en tête des emplois mal payés et socialement dévalorisés. Sur l’ensemble des emplois à temps partiel, 77,6% sont occupés par des femmes. Et la précarité du travail, qu'accentue encore sa dernière réforme, rend d’autant plus difficile de garantir notre autonomie et de concilier vie personnelle et vie familiale. Ainsi, il est important de souligner que les deux sexes ne partent pas sur un pied d’égalité sur le marché du travail. Les femmes gagnent en moyenne près de 22% de moins par an que les collègues masculins, selon la dernière Enquête Annuelle sur la Structure des Salaires publiée en 2009 par l’INE, et cette discrimination salariale augmente avec le niveau d’études.
Outre ces coupes dans nos droits sociaux et du travail, nous devons affronter une offensive réactionnaire croissante contre nos droits sexuels et reproductifs. La réforme de la loi sur l’avortement que projette le PP, qui veut limiter encore plus les conditions, les délais et les cas concernés pour avorter et qui nous fait revenir plusieurs années arrière, n’est que la pointe de l’iceberg de politiques qui cherchent à imposer un modèle de sexualité hétérosexuelle, axé sur la reproduction, et à contrôler la capacité reproductive des femmes. Ils ne veulent pas que nous ayons le droit de décider de nos propres corps ni de nos vies, de là découle la menace d’un châtiment pénal en cas d’avortement.
En ce 25 novembre, nous revendiquons cette journée contre la violence machiste afin de rendre visible une violence invisible mais quotidienne et persistante contre les femmes, qui ne fait que s’aiguiser dans le contexte actuel de la crise. Au second trimestre 2012, les plaintes pour violence machiste ont augmenté de 5,9% par rapport aux trois premiers mois de l’année. Et les femmes qui souffrent de ces situations sont de plus en plus mal aidées à cause des réductions des ressources publiques.
La CiU [Convergence et Union, parti nationaliste de droite au pouvoir en Catalogne, NdT] a convoqué pour aujourd’hui, 25 novembre, des élections pour le Parlement catalan et la Junte électorale a interdit la manifestation qui devait avoir lieu et qui, de toute façon, a été maintenue. Mais, comme le signale la section Femmes de la Fédération des associations de voisins de Barcelone : « Ce n’est pas la manifestation des collectifs féministes qui coïncide avec le rendez-vous électoral, c’est au contraire l’appel aux urnes qui se produit un 25 novembre ». Un fait qui prouve, une fois de plus, que l’intérêt des politiques pour cette question est équivalent à zéro.
La sortie de crise actuellement envisagée cherche à nous ramener au foyer et à nous faire reprendre des rôles familiaux catalogués par genre d’une manière rétrograde. Il s’agit d’une offensive en règle contre nos droits économiques et reproductifs. Mais nous n’allons pas nous laisser faire. Qu’importe si cela déplaît à certains, mais c’est nous qui décidons. Le retour des femmes au foyer ? Même pas dans vos rêves !
*Loi
pour la promotion de l'autonomie des personnes et l'assistance aux
personnes en situation de dépendance et à leurs familles, adoptée en
2006 sous le gouvernement Zapatero (NdE)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire