par
Desinformémonos, 22/12/2012
Dans une
action de masse, disciplinée et simultanée, inédite depuis les premiers jours
du soulèvement insurgés de 1994, des dizaines de milliers de zapatistes ont
occupé pacifiquement et dans un silence assourdissant cinq villes du Chiapas. Quelques heures plus
tard, ils ont publié un bref communiqué.
Ocosingo, Chiapas. 21 décembre 2012.
PHOTO Moysés Zúñiga Santiago
PHOTO Moysés Zúñiga Santiago
Chiapas, Mexique
- Des dizaines de milliers de bases d'appui de l'Armée Zapatiste de Libération
Nationale (EZLN) ont occupé dans un silence emblématique les rues de cinq localités
du Chiapas, lors de la première manifestation publique zapatistes depuis le 7
mai 2011, lorsqu'ils avaient répondu à l'appel du Mouvement pour la Paix avec Justice
et Dignité. Cette action simultanée et massive, la plus grande de toute leur
histoire, a été précédée par l'annonce que l'organisation indigène ferait
connaître sa parole, rendue publique quelques heures après la mobilisation.
"A qui de
droit. Vous avez entendu? C'est le bruit de votre monde qui s'effondre. C'est
celui du nôtre qui ressurgit. Le jour qui était le jour, il faisait nuit. Et le
jour qui sera le jour, il fera nuit", était le message signé par le
sous-commandant Marcos et diffusé quelques heures plus tard par la page ouèbe Enlace
Zapatista.
Dans chacune
des villes occupées (Ocosingo, Las Margaritas, Palenque, Altamirano et San
Cristobal), les Tzeltals, Tzotzils, Ch'ols, Tojolabals, Zoques, Mams et métis
ont défilé avec leurs bandanas et passe-montagnes traditionnels, en rangs et dans
un strict silence. Hommes et femmes, jeunes pour la plupart, ont défilé sur une
estrade dans chaque ville et brandi leurs poings. Cela a été l'expression la
plus symbolique de toute la manifestation.
Force, discipline,
ordre extraordinaire, dignité, intégrité,
cohésion. Ce n'est pas peu. Depuis 19 ans on les a donnés un nombre
incalculable de fois pour morts, divisés et isolés. Encore et encore ils sont
apparus pour dire "nous sommes là". Aujourd'hui, 40 000 zapatistes
dans les rues ont à nouveau fait taire les rumeurs et les mensonges.
À San
Cristobal de las Casas, une ville où l' EZLN manifeste traditionnellement hors
de son territoire, plus de 20 000 hommes et femmes du caracol [l'escargot, municipalité autogérée, NdT]
zapatiste d' Oventik, où ils s'étaient rassemblés la veille, ont défilé sous
une pluie qui a commencé à tomber à l'aube. La marche de 28 détachements (selon
la numérotation figurant sur leurs passe-montagnes) a commencé à la périphérie
de la ville, vers huit heures et demie, et à 12 heures l'arrière-garde était
encore très loin du centre de la ville. La place centrale était trop petite pour
les contenir tous.
Des
habitants et des touristes ont lancé des
cris de soutien et entonné l'hymne
zapatiste chanté dans certaines sections. Les magasins ont, comme d'habitude,
baissé leurs rideaux, parce que les Indiens les ont à nouveau pris par surprise.
L'estrade était installée en face de la cathédrale, tandis que les blocs zapatistes
ordonnés se sont placés autour du carré entral de la ville.
À Palenque, ancienne
ville ch'ol et l'un des centres
touristiques les plus importants de l'État, les indigènes zapatistes sont
entrés par l'avenue principale de la ville et ont brandi le poing sur l'estrade
située dans le centre de la ville, en face de l'église. Puis ils ont pris la
rue du Chiapas pour retourner dans leurs communautés.
À Las
Margaritas, les zapatistes ont répété cette dynamique avec 7000 membres des
bases d'appui, tandis qu'Ocosingo – localité elle aussi prise par les insurgés le
1er janvier 1994, où eut lieu un massacre de civils par l'armée fédérale dans
les premiers jours de la guerre, plus de 6 000 membres des bases d'appui ont
déclenché l'action à six heures du matin. On a appris qu'environ 8 000
zapatistes ont du rester au Caracol de La Garrucha par manque de transports
vers la ville. Il n'y avait plus eu une telle concentration de zapatistes depuis les sanglants combats du
soulèvement indigène en 1994.
Il y avait
une forte symbolique dans l'action, vu qu'ils ont choisi le dernier jour du
cycle maya, qui pour beaucoup serait "la fin du monde" et pour
d'autres le début d'une nouvelle ère, du changement de peau, du renouveau.
Pendant ces 19 années, le parcours de la lutte zapatiste a été chargé de
symbolisme et de prophéties, et cette occasion n'y a pas fait exception.
Depuis
l'annonce que le Commandement général de l'Armée Zapatiste de Libération
Nationale (EZLN) ferait connaître sa parole, l'attente pour le contenu de son
message n'a cessé de croître. Mais ce qu'on a entendu ce vendredi, c'était ses
pas, sa marche silencieuse à travers cinq places, sa démarche digne et rebelle
à travers les rues et son poing levé.
La dernière
fois que le sous-commandant Marcos, chef militaire et porte-parole zapatiste, avait
parlé, c'était dans sa correspondance avec le philosophe Luis Villoro, le 7
Décembre, 2011. Et l'initiative politique la plus récente avait été le Festival
de la Rage Digne, auquel les zapatistes avaient invité des luttes et des
mouvements du Mexique et du monde, en décembre 2008.
Ce vendredi les membres du Comité Clandestin Révolutionnaire
Indigène ne sont pas apparus, comme l'avait fait son état-major en mai 2011. Ce
fut la dernière fois que l'on vit Tacho,
Zebedeo, Esther, Hortencia, David et le reste du commandement général, à l'exception du sous-commandant
Marcos, qui est resté loin des yeux du public.
Des dizaines de milliers de zapatistes prennent 5 villes du Chiapas pour le 21 décembre 2012.
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