mercredi 7 janvier 2009

Urgence au Gabon !

Des militants anti-corruption incarcérés
Communiqué de Survie, le 8 janvier 2009
RASSEMBLEMENT à PARIS à 17h30 ce JEUDI 8 JANVIER
4 rue de la Baume 75008 Paris
M° Mirosmenil (ligne 13 ou 9) ou St Philippe du Roule (ligne 9)

Pour avoir dénoncé courageusement la corruption du régime, des militants de la société civile et un journaliste sont emprisonnés depuis une semaine au Gabon. Leur avocat Me Thierry Lévy est quant à lui empêché de prendre son avion afin de se rendre à Libreville.C'est sous le prétexte d’une lettre ouverte adressée à Omar Bongo le 8 décembre dernier qu'ont été retenus en garde-à-vue depuis 7 jours, puis jetés en prison Grégory Gnbwa Mintsa (plaignant dans l'affaire des Biens Mal Acquis d'Omar Bongo et de son entourage en France), Marc Ona Esssangui (coordinateur de la Coalition Publiez Ce Que Vous Payez-Gabon et président de Brainforest) et Georges Mpaga (plaignant contre le neveu du Président Bongo et Procureur de la République accusé devant la "Commission Mains Propres" pour faits de corruption) ainsi que Gaston Asseko Mba, journaliste et directeur technique de Radio Sainte Marie.Les délits invoqués par le Procureur pour justifier ces arrestations sont : - "Détention d'un document en vue de sa diffusion dans un but de propagande" (il s'agit de la Lettre ouverte des Acteurs libres de la société civile gabonaise à Monsieur Omar Bongo Ondimba du 8 décembre 2008, voir www.acteurslibres.org)- "Propagande orale ou écrite en vue de l'incitation à la révolte contre les autorités de l'Etat"Ces incarcérations sont la conséquence directe de l'engagement de ces personnes contre la corruption des autorités gabonaises. « Nous n’acceptons plus de vivre dans le mensonge et la peur » déclaraient ces acteurs dans la lettre ouverte au président gabonais. En France, depuis plusieurs jours, la solidarité s'organise et de nombreux acteurs manifestent leur soutien aux militants gabonais, tout en dénonçant le comportement du régime d'Omar Bongo, et le silence complice de la France.Il est inadmissible que la diplomatie française continue de soutenir, notamment financièrement, des dictatures africaines corrompues, qui répriment leur société civile qui pourtant travaillent à sortir leur pays de l'ornière. La France doit promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'Homme, et non pas seulement les intérêts économiques de quelques grandes entreprises françaises. Il est temps de mettre un terme au triptyque "Diplomatie, Business et Dictature" (voir sur ce sujet http://survie.org/dossier.html).C’est pourquoi Survie appelle à la libération des militants incarcérés et la diplomatie française à agir dans ce sens à l’occasion d’un rassemblement :
Rassemblement, jeudi 8 janvier 2009 à 17h30
devant l’hôtel particulier à 18 millions d’euros d’Omar Bongo !
4 rue de la Baume 75008 Paris M° Mirosmenil (ligne 13 ou 9) ou St Philippe du roule (ligne 9)

C’est ce magnifique hôtel que des associations avaient saisi "symboliquement" le 10 avril dernier, afin de le restituer aux acteurs de la société civile Bruno Ben (auteur de la lettre ouverte qui dérange le régime gabonais aujourd’hui) et Marc Ona Essangui (Coordinateur de Publiez Ce Que Vous Payez-Gabon) emprisonné aujourd’hui (voir la vidéo de Rue89 sur : http://www.dailymotion.com/video/x5132t_saisie-de-lhtel-particulier-de-la-f_news)


GABON : ARRESTATION DE LEADERS CIVILS DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Après des heures d’interrogatoire et six jours de détention,
incertitudes sur leur sort



Communiqué de

Paris-Genève, le 6 janvier 2009



Les 30 et 31 décembre 2008, cinq acteurs de la société civile gabonaise ont été arrêtés à Libreville par des agents des services de renseignement et conduits dans les locaux de la police judiciaire de la ville.

L’arrestation, sans fondement légal faute de mandat, de citoyens dont le dénominateur commun est l’engagement sur le thème de la bonne gouvernance et de la transparence financière est contraire à tous les engagements internationaux pris par le Gabon.

- Gregory Ngbwa Mintsa, plaignant dans l’affaire des Biens Mal Acquis initiée en France 51° ;
- Marc Ona Essangui, Coordinateur pour le Gabon de la campagne « Publiez Ce Que Vous Payez » (PCQVP) qui milite pour une gestion transparente des revenus des industries extractives ;
- Georges Mpaga, Président du Réseau des Organisations Libres de la Bonne Gouvernance au Gabon (ROLBG) ;
- Dieudonné Koungou, journaliste au bimensuel privé Tendance Gabon ;
- Gaston Asseko, Directeur technique de la radio Sainte-Marie appartenant à l'Église catholique.

Marc Ona Essangui


Cela fait donc six jours qu’ils sont détenus sans avoir eu la possibilité de s’entretenir avec un avocat et alors même que l’on ne connaît toujours pas la nature des charges retenues à leur encontre. Selon les informations que nous avons reçues de proches des détenus, ils sont incarcérés dans des conditions très préoccupantes.(2)
Le droit à la sûreté personnelle, la liberté d’expression et la liberté d’association constituent des droits fondamentaux de l’individu au sein de toute collectivité organisée. Ces droits sont proclamés par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté en 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies et ratifié par le Gabon. La Constitution gabonaise garantit par ailleurs que nul ne peut être détenu arbitrairement. En outre, la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement son article 8.2 prévoit notamment « le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de soumettre aux organes et institutions de l’État, ainsi qu’aux organismes s’occupant des affaires publiques, des critiques et propositions touchant l’amélioration de leur fonctionnement, et de signaler tout aspect de leur travail qui risque d’entraver ou empêcher la promotion, la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».

Les organisations signataires réitèrent leur demande de libération immédiate et inconditionnelle de Messieurs Gregory Ngbwa Mintsa, Marc Ona Essangui, Georges Mpaga, Dieudonné Koungou et Gaston Asseko. Elles en appellent à tous les acteurs de la communauté internationale pour que soit mis un terme aux persécutions exercées sur ces personnes. Le seul tort de ces hommes est de réclamer l'application au Gabon des règles de bonne gouvernance édictées par les institutions internationales auxquelles le pays adhère, c’est-à-dire la transparence et la probité dans la gestion des deniers publics.

CONTACTS PRESSE :
Association Sherpa Maître Bourdon (avocat de M. Gregory Ngbwa Mintsa) 06 08 45 55 46 Yann Queinnec 06 13 30 36 57 Maud Perdriel-Vaissière 06 83 87 97 34
Transparence-International (France) Myriam Savy Daniel Lebègue 06 87 88 53 07 Julien Coll 06 72 07 28 65
Publiez Ce Que Vous Payez (France) Michel Roy 06 07 99 34 60
Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) Gaël Grilhot / Karine Appy + 33 1 43 55 25 18
Organisation mondiale contre la torture (OMCT) Delphine Reculeau + 41 22 809 49 39
Amnesty International France Aurélie Chatelard Laure Delattre 01 53 38 65 77 06 76 94 37 05


Notes

1 Plainte déposée devant les juridictions françaises le 2 décembre 2008 contre trois chefs d’Etat, dont Monsieur Omar Bongo Ondimba, Président du Gabon, ainsi que les membres de leur entourage pour recel de détournement de fonds publics.
2 Selon leurs proches, Gregory Ngbwa Mintsa souffre d’œdèmes sur les membres inférieurs. Les autres sont détenus torses nus dans un sous-sol humide. Nous n’avons aucune garantie que Gaston Asseko prend correctement son traitement postopératoire. Les familles peuvent leur apporter à manger sans moyen de savoir si la nourriture arrive à destination.

Lire Meilleurs voeux de Bongo au Gabon: cinq opposants en prison, parDavid Servenay , Rue89, 07/01/2009

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