par France-Info, 20/2/2011
Le vent de révolte qui souffle sur l’ensemble du monde arabe a gagné, en Libye, un régime usé qui mise sur la répression pour tenir face à la contestation. Il y aurait eu au moins 100 morts depuis mardi, notamment à Benghazi, deuxième ville du pays, située à 1.000 km de Tripoli.
Depuis mardi, et le début des manifestations en Libye, elle appelle ses proches plusieurs fois par jour. Elle reste des heures devant sa télé. A scruter les rares images en provenance de Libye, à écouter tous les commentaires. Elle remarque qu’Al Jazira n’en parle presque pas. Presque aussi peu que la télévision nationale libyenne, qui passe en boucle les défilés des pro-Khadafi dans les rues de Tripoli.
A Benghazi, selon les témoins joints hier par téléphone, ce serait des militaires africains qui tireraient à balles réelles sur les civils : des mercenaires. Un autre cousin de l’étudiante assure que la police est depuis hier dans le camp des manifestants qui, depuis deux jours, ont du mal à communiquer entre eux, autrement que dans la rue, pour s’organiser.
Il n’y a plus d’internet en Libye. Le téléphone ne marche plus vraiment à l’intérieur du pays. Les communications avec l’étranger, qui fonctionnaient encore jusqu’à hier dans le sens Paris-Tripoli, ont été coupées dans la soirée. L’étudiante libyenne qui s’est confiée hier à Sophie Parmentier n’arrive plus à joindre sa famille. Elle redoute un nouveau bain de sang à Benghazi.
Le vent de révolte qui souffle sur l’ensemble du monde arabe a gagné, en Libye, un régime usé qui mise sur la répression pour tenir face à la contestation. Il y aurait eu au moins 100 morts depuis mardi, notamment à Benghazi, deuxième ville du pays, située à 1.000 km de Tripoli.
Sophie Parmentier a pu rencontrer une Libyenne qui vit discrètement en France. Une partie de la famille de cette étudiante vit à Benghazi, déjà considérée par certains comme ville martyre.
Images des victimes de la répression sanglante en Libye, à Benghazi. Images postées sur Facebook par des témoins
Elle a accepté de parler, à la seule condition que l’on ne dise surtout pas son nom, ni où on l’avait rencontrée, ni le moindre détail sur sa vie en France. A la fin de l’interview, elle a insisté pour que l’on déforme sa voix, de peur qu’un pro-Kadhafi ne la reconnaisse en l’écoutant par hasard à la radio.
Mais malgré la peur, pour elle, et surtout pour sa famille qui vit en Libye, elle a voulu témoigner. "Car si la presse internationale ne parle pas de la Libye, la répression sera un vrai massacre", assure-t-elle. Si elle pouvait emporter une caméra dans ses valises, elle assure qu’elle serait déjà repartie à Benghazi pour filmer la révolte de sa ville natale, mais elle se dit qu’elle est peut-être plus utile, en tant que relais, quelque part en France.
Mais malgré la peur, pour elle, et surtout pour sa famille qui vit en Libye, elle a voulu témoigner. "Car si la presse internationale ne parle pas de la Libye, la répression sera un vrai massacre", assure-t-elle. Si elle pouvait emporter une caméra dans ses valises, elle assure qu’elle serait déjà repartie à Benghazi pour filmer la révolte de sa ville natale, mais elle se dit qu’elle est peut-être plus utile, en tant que relais, quelque part en France.
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Répression sanglante à Benghazi, en Libye : premiers témoignages recueillis grâce à une étudiante libyenne en France reportage signé Sophie Parmentier (2'14") | |
Depuis mardi, et le début des manifestations en Libye, elle appelle ses proches plusieurs fois par jour. Elle reste des heures devant sa télé. A scruter les rares images en provenance de Libye, à écouter tous les commentaires. Elle remarque qu’Al Jazira n’en parle presque pas. Presque aussi peu que la télévision nationale libyenne, qui passe en boucle les défilés des pro-Khadafi dans les rues de Tripoli.
Selon elle, le nombre des victimes de la répression sanglante est aussi largement sous-estimée. Hier, Human Rights Watch a avancé le chiffre de 84 morts depuis mardi. Selon l’un des cousins de la jeune étudiante, qui est médecin dans un hôpital de Benghazi, il y a eu au moins une quinzaine de victimes enterrées hier. Notamment des enfants. L’un avait 8 ans.
A Benghazi, selon les témoins joints hier par téléphone, ce serait des militaires africains qui tireraient à balles réelles sur les civils : des mercenaires. Un autre cousin de l’étudiante assure que la police est depuis hier dans le camp des manifestants qui, depuis deux jours, ont du mal à communiquer entre eux, autrement que dans la rue, pour s’organiser.
Il n’y a plus d’internet en Libye. Le téléphone ne marche plus vraiment à l’intérieur du pays. Les communications avec l’étranger, qui fonctionnaient encore jusqu’à hier dans le sens Paris-Tripoli, ont été coupées dans la soirée. L’étudiante libyenne qui s’est confiée hier à Sophie Parmentier n’arrive plus à joindre sa famille. Elle redoute un nouveau bain de sang à Benghazi.
Le plus ancien des dictateurs arabes
Cela fait cinq jours que des milliers de Libyens manifestent et réclament le départ de Moammar Kadhafi. Benghazi, dans l’est du pays, est aujourd’hui une ville fantôme. La population se terre.
Samedi en fin de soirée, Tripoli annonçait l’arrestation de dizaines de ressortissants arabes qui appartiendraient à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays. "Les organes de sécurité libyens ont établi que les personnes arrêtées sont de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne" ainsi que "turque", poursuit le communiqué de l’agence officielle libyenne.
Samedi en fin de soirée, Tripoli annonçait l’arrestation de dizaines de ressortissants arabes qui appartiendraient à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays. "Les organes de sécurité libyens ont établi que les personnes arrêtées sont de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne" ainsi que "turque", poursuit le communiqué de l’agence officielle libyenne.
Au pouvoir depuis 1969, le colonel Kadhafi est le plus ancien des dictateurs arabes.
Mis au ban de la communauté internationale pour son soutien au terrorisme dans les années 1980, il est redevenu fréquentable en se hissant comme un rempart contre l’islamisme et l’immigration clandestine.
Même si le dictateur mégalomane, protégé par ses Amazones, a survécu aux missiles américains en 1986, c’est dans les rues de son propre pays que le danger le guette aujourd’hui.
Sophie Parmentier, Gilles Halais Mis au ban de la communauté internationale pour son soutien au terrorisme dans les années 1980, il est redevenu fréquentable en se hissant comme un rempart contre l’islamisme et l’immigration clandestine.
Même si le dictateur mégalomane, protégé par ses Amazones, a survécu aux missiles américains en 1986, c’est dans les rues de son propre pays que le danger le guette aujourd’hui.
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