mercredi 16 février 2011

L'Italie de Silvio Berlusconi est du mauvais côté de l’histoire-Il y a une Italie meilleure : la gauche doit fournir une alternative

par Nichi Vendola, 14/2/2011. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: Silvio Berlusconi's Italy is on the wrong side of history
 Italiano
Dimanche, les Italiens sont descendus dans la rue pour défendre la dignité de femmes contre le mélange vulgaire de sexisme et de machisme illustré par les mots et les actions non seulement de leur Premier ministre Silvio Berlusconi, mais aussi par la philosophie envahissante qui est devenue contagieuse sous le "berlusconisme". J'étais fier de me compter parmi les femmes et les hommes qui ont montré qu’ils et elles comprenaient  que le combat contre l'archétype de l’omnipotence mâle incarné par Berlusconi est un acte politique.
Il y a une Italie meilleure que celle que les observateurs étrangers ont imaginée, en s’émerveillant de la popularité de Berlusconi et de sa résilience malgré ses scandales sexuels multiples. C'est l'Italie qui n'a jamais été séduite par lui.

Milan, 13 février : "La dignité des femmes est la dignité d'une nation"

Aujourd'hui le Premier ministre est accusé d’avoir recouru à des prostituées mineures et d'avoir abusé de son pouvoir pour couvrir ce  crime.
Alors que le spectacle de sa dépravation privée se déploie dans les médias, il est impénitent et insulte les juges qui enquêtent sur lui et son entourage. Ses alliés politiques le soutiennent fermement. Les enquêteurs, disent-ils, violent sa vie privée.


"Je suis la nièce d'Obama - Téléphone à l'ambassade américaine" (allusion au fameux "Ruby est la nièce de Moubarak" de Berlusconi pour faire libérer sa protégée, interpellée pour vol)
C'est n’est pas seulement une affaire de sexe. C'est une nouvelle indication de ce que Berlusconi et une bonne partie de la classe politique italienne de droite pensent des femmes et de la loi. Dans la vision du monde promue par le berlusconisme, toutes deux ont été réifiées comme propriété privée de ceux qui ont de l'argent et du pouvoir.

"Ma génération n'a rien à apprendre de ton langage despotique et médiéval. Tu n'es que l'antithèse de nos valeurs...Démission !!!"
Le berlusconisme est une plaie pour  la société italienne. Au lieu de la solidarité, il propose un faux  individualisme. Au lieu du travail dur et du professionnalisme, il dit aux jeunes gens qu'ils peuvent s’enrichir rapidement  en utilisant la ruse, la fraude et leur propre corps. Le vrai scandale est qu'une génération entière, lorsqu’elle cherche à imaginer son avenir, n’a devant les yeux que le modèle de dégradation morale offert par les leaders.

"Veronica (ancienne femme de Berlusconi, qui a divorcé de lui) est libre. maintenant, c'est notre tour !"
Berlusconi et ses alliés s’appellent eux-mêmes libéraux, mais ce mot a besoin d’être traduit pour les lecteurs. Dans la langue du berlusconisme, il signifie que les élites politiques s'approprient la richesse publique italienne pour un usage privé. Ce qu'ils ne peuvent pas utiliser, ils le laissent pourrir. Naples, une de nos villes les plus belles, avec 3 000 ans d'histoire, est dans les cordes.
Et la reconstruction d'Haïti procède sans doute à un rythme plus rapide que celle de L'Aquila, une ville médiévale durement frappée par un séisme il y a deux ans.
Nous demandons-nous même pourquoi Berlusconi et ses ministres économiques ont été pris au dépourvu par la suggestion que Fiat déplace son siège social aux USA ? Ils n'ont pas de politique pour l'industrie stagnante de l'Italie, parce qu'ils n'ont pas du tout fait de la protection des emplois d'Italiens travaillant dur une priorité.
Sergio Marchionne, le PDG de Fiat, a forcé ses travailleurs à faire des concessions importantes, en menaçant d'investir ailleurs. J’ai été aux côtés du syndicat des métallos, qui a rejeté ses propositions, non parce que je me suis opposé aux négociations, mais parce que j'ai vu que son but était tactique, sans plan à long terme de développement en Italie. Aujourd'hui Marchionne prouve que nos hypothèses étaient fondées  et que le pays risque de perdre son plus grand employeur privé.

 
Ce gouvernement n'est pas seulement désastreux pour l'Italie, il est mauvais pour le monde. Nous sommes un pays clé en Méditerranée et n'avons jamais auparavant été appelés avec une telle urgence à  jouer un rôle dans cette région. Alors que la demande de démocratie et de justice venant de Tunisie, d'Égypte et d'Albanie est devenue irrépressible, l'Italie se trouve du mauvais côté de l'histoire.
  
Berlusconi ne s'est pas allié avec ces citoyens se battant pour la démocratie, mais avec le seul homme fort de la région qui pour l'instant n’a pas été ébranlé par la révolte : Mouammar Kadhafi le Libyen. Avec Berlusconi, l'Union Européenne ne peut pas compter sur l'Italie pour mener une politique étrangère innovatrice affrontant  la nouvelle réalité en Méditerranée. Notre pays est plein d'énergie créatrice, mais ses institutions font preuve d’une grande pauvreté d'idées à un moment historique crucial. Il est  temps de changer de voie.
Comment en sommes-nous arrivés là ? La responsabilité retombe aussi sur la gauche. Nous nous sommes  endormis au volant pendant que Berlusconi et ses stations de télévision transformaient l'Italie. Aujourd'hui, des principes importants de notre constitution très progressiste sont attaqués, de l’égalité devant la loi à la liberté d’expression et  à la responsabilité sociale du secteur privé.

"Et moi, je suis le neveu d'Obama !"
C'est la raison laquelle une gauche rajeunie ne peut pas être un simple mélange de radicaux et de réformistes, prêts à transiger avec la droite de crainte d’effrayer le centre. Croire  que cette sorte de realpolitik nous fera  gagner les  élections est une illusion.
La gauche italienne a besoin de fournir une narration alternative au berlusconisme. Cela signifie à la fois un programme politique crédible, affrontant les questions de moralité, des emplois, de l’immigration et d’une économie durable, et un nouveau leadership. Discutons de ce que nous voulons pour l'Italie.
Choisissons qui interprétera le mieux les souhaits des Italiens, qui sont beaucoup plus élevés que la vulgarité offerte par l’actuel gouvernement.  Je suis prêt à relever ce défi.

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