dimanche 27 février 2011

Le tsunami s'étend dans le monde arabe

Tobrouk : "Libye libre ! Kadhafi dégage !". Photo Asmaa Waguih, Reuters
Les dernières 48 heures ont vu une extension des manifestations pour la liberté dans le monde arabe dans des pays où tout avait été apparemment calme jusqu'ici. En Libye, la ville de Zaouiyah, à 50 km à l'ouest de Tripoli a été libérée à son tour, tandis qu'à Benghazi libérée, un Conseil national libyen est en train de se mettre  en place.

La route arabe, par Mahjoob
Deux manifestants ont été tués et cinq blessés par des tirs de la police au cours d'un rassemblement de chômeurs à Sohar, dans le sultanat d'Oman.
Au Yémen, théâtre de véritables scènes de guerre dans la nuit de vendredi à samedi à Aden (sud), qui ont fait au moins trois morts, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a dit son intention de défendre le "régime républicain" jusqu'à la "dernière goutte de (son) sang" et parlé de "complot".

À Bahreïn, le groupe chiite au parlement a confirmé dimanche sa démission en bloc, au lendemain de l'annonce d'un remaniement ministériel que l'opposition a jugé insuffisante. Les 18 députés du parti Wefaq avaient pris cette mesure à la suite des violences survenues aux premiers jours des manifestations populaires en faveur de la fin du régime monarchique.

Humour noir bahreïni : "Désolée, Israël, maintenant je te respecte. Au moins, toi, tu ne tues pas ton propre peuple. Bravo Bahreïn, tu as battu Israël"

Au Qatar voisin, un appel sur Facebook à l'éviction de l'émir Hamad ben Khalifa al-Thani a rassemblé samedi plus de 20 000 sympathisants, cependant qu'au Koweït, un groupe d'opposition nouvellement formé a demandé des réformes et l'émir cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah a annoncé des mesures sociales.

En Arabie Saoudite, une centaine d'intellectuels ont eux-aussi exhorté à des réformes politiques, économiques et sociales, notamment à l'instauration d'une "monarchie constitutionnelle".

En Irak, le Premier ministre Nouri al-Maliki a donné dimanche 100 jours à ses ministres pour faire leurs preuves, après des manifestations de colère contre le gouvernement. A Amara, à 305 km au sud de Bagdad, onze manifestants ont été blessés, dont un par balle, ainsi que neuf policiers, dans des échauffourées au cours d'une manifestation de jeunes réclamant du travail.

En Syrie, une page Facebook intitulée "la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011" appelait à des manifestations à une date encore indéterminée, et en Jordanie, l'opposition accusait le gouvernement de "manque de sérieux" dans les réformes, après la plus grande manifestation vendredi dans la capitale depuis début janvier.

Au Liban, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue à Beyrouth pour protester contre le système confessionnel, à l'initiative de groupes de jeunes sur Facebook. "La révolution est partout... Liban, c'est à ton tour !", ont-elles scandé.

Au Maroc, près de mille personnes encadrées par d'importantes forces de sécurité avaient réclamé samedi à Casablanca des "réformes politiques et une nouvelle Constitution", pendant qu'à Alger, une centaine de contestataires avaient bravé un important dispositif policier pour tenter, en vain, leur troisième marche en un mois en faveur d'un changement de régime.

Enfin en Égypte près de 2000 manifestants s'étaient rassemblés samedi pour exiger un nouveau gouvernement. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a annoncé dimanche sa candidature à la prochaine élection présidentielle.


Nous soutenons toutes les formes de résistances nées du cœur de notre pays
Déclaration du Mouvement de solidarité des femmes irakiennes pour l’indépendance et l’union de leur pays
par WSIUI, 22/2/2011
. Traduit par 
Michèle Mialane, Tlaxcala
A statement by Women Solidarity for an Independent Unified Iraq
Eine Erklärung der Frauensolidarität für ein unabhängiges, vereintes Irak

Depuis plusieurs semaines tout l’lrak est le théâtre de protestations et manifestations, même dans des villes et localités où il n’y en avait jamais eu auparavant.
Nous avons appris que des manifestations de masse se déroulaient à Bagdad, Basra, Kout, Samawah, Diwanijah, Falloujah, Kirkouk et Soulaïmanijah. Contre le non-respect de nos libertés, les arrestations arbitraires, la torture, la corruption, parce que nous sommes déçus et que les promesses électorales ne sont pas tenues, et - last but not least - contre le manque catastrophique de services de base, eau, électricité, soins de santé ainsi que de l’inefficience et de la corruption qui président au rationnement. On manifeste également contre le manque d’emplois et surtout d’aide sociale aux veuves, orphelins et retraités, qui ne peuvent mener la vie digne qu’ils méritent et connaissent la misère et l’humiliation.
D’une seule voix, les mots d’ordre des manifestants pacifiques expriment des revendications d’intérêt national. C’est la voix du peuple, qui en a assez de se contenter de promesses éternellement non tenues. Il en a assez des discours grandiloquents, méprisants et absurdes dont les fonctionnaires gouvernementaux les abreuvent à tour de rôle.
C’est tout le peuple irakien qui parle par la voix des manifestants pour exiger la reconnaissance de sa liberté et de sa dignité. C’est la voix des courageuses femmes irakiennes, qui essaient de recouvrer leur rôle moteur dans la lutte de leur peuple pour la liberté, l’égalité et l’indépendance.
C’est la voix d’un peuple qui ne sait que trop qu’on n’obtient rien par une patience surhumaine, et qu’il faut saisir l’occasion historique décisive qui s’offre en ce moment. Nous ne devons pas la manquer - il est temps de descendre dans la rue pour rendre leur dignité à tous les Irakiens et bâtir pour nos enfants un avenir meilleur.
Nous autres, membres du Mouvement solidaire des femmes irakiennes pour l’indépendance et l’union de leur pays, soutenons toutes les formes de résistance nées du cœur de notre pays. Les manifestations actuelles sont l’expression et le signe de l’unité de notre peuple. En organisant ces manifestations et en s’y rendant, il fait usage du droit que lui garantissent droits humains et international. Nous soutenons les manifestants et encourageons tout notre peuple à en faire autant.

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