samedi 30 novembre 2013

Violence sexiste : ni régurgitation d'archaïsmes, ni anomalie de la modernité

par Annamaria Rivera, 27/11/2013. Traduit par  Fausto Giudice
Original : Violenza sessista: né rigurgito dell’arcaico, né anomalia della modernità

Maintenant que le fémicide et le féminicide (ou gynécide, gynocide) ont attiré l'attention des médias et des institutions, le risque est grand que, constituant un thème en vogue, la violence de genre soit utilisée pour vendre, alimenter les news, et solliciter le voyeurisme du public masculin. Un deuxième risque, déjà visible, est que la dénonciation et l'analyse soient absorbées, donc émoussées et banalisées par un discours public - médiatique, institutionnel, mais aussi des "expert-es " -, constellé de clichés, de stéréotypes, de lieux communs, plus ou moins grossiers. Essayons d'en démonter quelques-uns, maintenant que les projecteurs sur la Journée internationale contre la violence de genre se sont éteints et que la logorrhée s'est quelque peu tarie.
Tout d'abord : la violence de genre n'est pas une régurgitation d'archaïsmes ni une  anomalie de la modernité. Bien qu'elle soit l'héritière de croyances, de préjugés, de structures, de mythologies propres aux systèmes patriarcaux, elle est un phénomène intrinsèque de notre époque et de notre ordre social et économique. Elle est d'ailleurs tout à fait transversale, étant présente dans les pays dits avancés comme dans ceux dits arriérés, dans les classes sociales les plus diverses, dans des milieux cultivés ou incultes.

Le dogme selon lequel la modernité occidentale serait caractérisée par un progrès absolu et incontestable dans les relations entre les genres, tandis que les autres seraient immergé-es dans les ténèbres du patriarcat, est dénué de tout fondement.  Pour prendre des données connues, selon le dernier rapport (2013 ) sur le Gender Gap (fossé entre les genres) du Forum économique mondial, dans 136 pays sur tous les continents, les Philippines figurent à la 5ème place mondiale pour l'égalité des sexes (après l'Islande, la Finlande, la Norvège et le Suède), tandis que l'Italie n'est qu'à la 71ème, après la Chine et la Roumanie, et dans une tendance contraire à celle de la plupart des pays européens .

Exemples choisis de modernité
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Pourtant, il n'y a pas toujours un rapport inversement proportionnel entre la conquête de l'égalité de genre et la violence sexiste. Le cas de la Suède (mais aussi, à des degrés divers, celui du Danemark, de la Finlande et de la Norvège) est exemplaire. Ce pays, depuis toujours à l'avant-garde pour garantir la parité de genre, de manière à occuper, comme nous l'avons dit, la 4ème place sur 136 pays, connaît un nombre croissant de viols, qui ont quadruplé en vingt ans, au point de concerner une femme sur quatre.  Cela ne dépend pas seulement du fait que le nombre de plaintes a augmenté rapidement à la suite d'une prise de conscience croissante des femmes, mais aussi d'une augmentation réelle des cas.

Pour rester en Europe et faire une référence désormais historique, il convient de rappeler qu'un pays comme la Yougoslavie, qui à l'époque se distinguait par un niveau élevé d'émancipation féminine, certainement plus élevé que dans l'Italie de l'époque, a connu, au cours de la guerre civile, l'horreur des viols ethniques. Le recours au pénis comme arme pour frapper les ennemis à travers le corps des femmes montre, entre autres choses, la continuité entre la haine et à la violence «ethniques» et le viol des femmes, visant à leur anéantissement : le viol cache toujours un désir ou une volonté de s'en prendre à l'identité et à l'intégrité de la personne - femme .

Il existe diverses raisons complexes qui peuvent expliquer pourquoi dans des sociétés " avancées" le nombre de viols et fémicides augmente. Pour en citer une : tous les hommes ne sont pas en mesure ou disposés à accepter des changements qui affectent les rôles et le statut des femmes, qui sont en fait souvent vécus comme une menace pour leur virilité ou pour  leur «droit» à la possession, si ce n'est à la domination.  Le récit de la masculinité est devenu moins crédible aujourd'hui que dans le passé. Et beaucoup d'hommes semblent effrayés par les représentations et les images de la capacité d'entreprendre, y compris sur le plan sexuel, des femmes (plus que par la réalité d'une  autonomie véritable, au moins en Italie, où elle est faible). Cette inadaptation de la société (mâle) se reflète aussi dans la pratique des institutions à l'égard de la violence de genre, souvent tardive  et /ou inadéquate . Par exemple, dans de nombreux cas qui se traduits par un fémicide, les victimes avaient dénoncé à plusieurs reprises leurs persécuteurs.

Tout cela pour dire que le sadisme, la volonté de réifier et / ou détruire les femmes et les autres sont à l'œuvre dans notre propre société, sous des formes plus ou moins latentes, jusqu'à ce que certaines conditions ne permettent plus qu'ils se manifestent ouvertement. Le système de domination et d'appropriation des femmes (pour utiliser le concept clé de la sociologue féministe Colette Guillaumin) a tendance à frapper - de viol ou de fémicide - non seulement les étrangères ou celles qui, comme en Yougoslavie, ont été transformées en autres et en ennemies, mais aussi les femmes avec lesquelles il existe des relations d'intimité ou de proximité. Il suffit de dire qu'à l'échelle mondiale 40 % des femmes tuées l'ont été par un homme proche d'elles. Et, pour évoquer à nouveau l'Europe, selon les Nations Unies la moitié des femmes assassinées entre 2008 et 2010 l'ont été par des personnes auxquelles elles étaient liées par une relation étroite (pour les hommes ce chiffre tombe à 15%).

Pour toutes ces raisons, il faut se méfier des schémas évolutionnistes et d'un facile optimisme progressiste : le préjugé, la domination et /ou la discrimination fondée sur le genre - comme celles fondées sur la «race», la classe ou l'orientation sexuelle - ne sont pas nécessairement un résidu archaïque du passé, un signe d'arriération ou de modernité inachevée, destiné à disparaître bientôt. Ce sont plutôt des traits qui appartiennent intrinsèquement et structurellement aussi à la modernité tardive - peut-être faudrait-il dire la modernité décadente. Pour le dire avec les termes des éditrices de “Il lato oscuro degli uomini”, (Le côté obscur des hommes), un livre précieux  qui vient de paraître dans la collection " sessismoerazzismo " des éditions Ediesse, la violence masculine contre les femmes est à la fois un "produit de l'ordre patriarcal " et "le résultat de transformations modernes des relations entre les femmes et les hommes" (p. 33 ).

Selon un autre lieu commun courant, pour contrecarrer et éliminer la violence de genre il suffirait d'un changement culturel, de manière à ranger définitivement au placard les derniers vestiges de la culture patriarcale et de traditions rétrogrades. Pieuse illusion : peut-on dire que la Suède est un pays dominé par la culture patriarcale ? Bref, s'il est vrai que la violence sexiste est un phénomène structurel, comme c'est admis, elle est ancrée dans de multiples dimensions. Pour le dire succinctement, la domination masculine a une matrice culturelle et symbolique, certes, mais aussi très matérielle. Si nous nous limitons au cas italien, le néolibéralisme, la crise de l'État-providence, l'exaltation du modèle du libre marché, les privatisations, puis  la crise économique et les politiques d'austérité ont signifié pour les femmes un retour en arrière dans de nombreux domaines. Et le retour en arrière signifie une perte d'autonomie, donc une perte de confiance en soi, une subordination et une vulnérabilité plus grandes.


Bien sûr, en Italie, une contribution majeure à la réification - marchandisation du corps des femmes a été apportée par la télévision, en particulier celle de Berlusconi. Généralement vulgaire, sexiste et raciste, elle a été et est un élément crucial de l'offensive contre les femmes et leurs revendications d'égalité, d'autonomie et de libération. Elle a fini par conditionner non seulement le langage des politiciens, de plus en plus ouvertement sexiste, mais la structure même du pouvoir et des institutions politiques. Sans parler de l'utilisation du corps des femmes comme des pots-de-vin : échange de marchandises d'échange d'un système si large et profond de corruption qu'il est devenu système de gouvernement. Et il est indéniable que, aujourd'hui en Italie, il y a une complicité considérable de la société,  des institutions, de l'opinion publique, même d'une partie de la population féminine avec un tel imaginaire et une telle utilisation du corps des femmes .

Et alors,  il n'y a rien à faire? Bien au contraire. Mais la question doit avant tout être posée en termes politiques. Ce n'est pas la récente décision - mesure typique de "large entente" [cohabitation à l'italienne actuellement au gouvernement, NdT] - qui affronte la question de la violence masculine en termes d'urgence (et à côté de mesures répressives contre le «terrorisme» des opposants au TGV Turin-Lyon, les vols de cuivre et autres) qui va nous apporter le salut. Nous ne pouvons pas non plus avoir la naïveté de croire que l'attention accordée à cette question par les institutions et les médias dominants représente un progrès certain et irréversible. Et ce n'est pas non plus principalement aux femmes de soigner (encore une fois !) le " côté obscur des hommes ". C'est à nous toutes qu'il échoit de contribuer à reconstruire une subjectivité collective libre, combative, consciente de sa propre autonomie et détermination, à même de saper l'exercice de la domination masculine, à quelque échelle et dans quelque contexte il se manifeste .




 

dimanche 17 novembre 2013

Une autre vision des bonnets rouges: des révoltés bretons mettent les points sur les i face aux délires médiatico-partidaires parisianistes

Nous publions avec plaisir cette mise au point salutaire, signée  Des révoltés bretons :

Le tea-party à la française, des identitaires, nazis, fascistes, des chiens du patronat, des esclaves qui défendent leurs maîtres, et ci et ça. Que de haine face au peuple qui était dans la rue samedi à Quimper, des personnalité-e-s politiques jusqu’aux citoyens de gauche, le risible n’a pas manqué de côtoyer le pitoyable.
Les médias aussi n’étaient pas en reste dans cette course à l’absurde, pendant et après la manifestation ils ne parlaient que des « casseurs ». Là-dessus il faut dire qu’on commence à avoir l’habitude, mais notons au passage que les « casseurs » n’ont rien cassé, pas de pillage, pas de mobilier urbain détruit si ce n’est quelques morceaux de trottoirs qui ont servi à faire des projectiles pour attaquer la préfecture. Par contre, le plus inquiétant est le traitement du mouvement des bonnets rouges avant la manifestation. Une sainte alliance s’est formée de Rue89 et l’Huma en passant par Le Monde jusqu’au Figaro, pour critiquer un mouvement qu’ils disent de droite et/ou d’extrême droite, à la solde du patronat, etc. Étrange comme alliance non ?
Sur la manifestation 
Rue89 a ainsi publié un article qui compare les bonnets rouges à la manif pour tous. Avec quelques camardes nous sommes allés à Quimper samedi et nous n’avons pas vraiment la même vision des choses, en même temps ce témoin se dit PS et nous anar. Mais au delà de ça, il raconte être arrivé sur le lieu de rassemblement en longeant des rangées de 4×4. Nous, nous sommes arrivés sur la place de la résistance avec un cortège de salarié de Lampaul qui se battent pour leurs emplois, sous des drapeaux Force Ouvrière et qui scandaient « Breton, français, un patron reste un patron ».
Ensuite une fois sur place nous avons noté quelques points de détails qui peuvent tout de même avoir leur importance. Comme d’habitude en manif, une sono envoyait de la musique avant les prises de paroles. Qu’est ce qu’on écoute donc dans les manifestations « du patronat et de l’extrême droite » ? Keny Arkana, Gilles Servat1, Manu Chao, les Ramoneurs de Menhirs qui reprennent la bellaciao avec le chant de l’Armée Révolutionnaire Bretonne. Très fasciste tout ça en effet… A noter aussi que pendant la manifestation on a entendu chanter bien fort « la jeunesse emmerde le front national ».
Autre détail, les couleurs affichées : en plus des nombreux drapeaux breton il y avait donc FO, Lutte Ouvrière, CGT, Front de Gauche, UDB, Breizhistance, SLB (trois organisations de la gauche bretonne), NPA, Les Alternatifs. Le plus à droite que nous avons vu était le Parti Breton. Pas de drapeaux français, sauf un qui a été déchiré devant la préfecture, pas de l’UMP, pas de FN. Pas de signe non plus des groupuscules fachos d’Adsav et Jeunes Bretagne, s’ils étaient là ils devaient être bien cachés. En même temps vu les antifascistes présents c’était peut être pas plus mal pour eux. La grande, et très ridicule, banderole « Hollande démission » était apparemment celle de fascistes, on le saura pour la prochaine fois. Des témoignages racontent aussi que les discours de gauche étaient hués pendant les prises de paroles. Aucune idée, nous pendant ce temps on essayait de forcer le passage vers la préfecture. D’ailleurs pour l’anecdote on a même vu un vieux au lance-pierre qui nous disait que ça lui rappelait Mai 68. Par contre quand le représentant du collectif pour l’emploi a fait un discours en fin de manifestation, pour réclamer plus de liberté d’entreprendre et pour cracher sur l’écologie et la décroissance, il se faisait huer aussi.
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Sur le mouvement des bonnets rouges
Alors oui, c’est un mouvement complexe, mais non ce n’est pas qu’un mouvement de droite, tout comme il n’est pas malheureusement que de gauche. Le seul trait idéologique commun est sûrement l’hostilité face à l’Etat jacobin centralisateur et la demande d’un pouvoir plus local, donc plus proche du peuple. Vous semblez nombreux à craindre ou à croire que ce mouvement soit de droite, mais pourquoi donc n’avez vous pas espoir qu’il devienne de gauche ? Mes camarades et moi qui étions à Quimper sommes de ceux qui ont cet espoir. Cinq heures d’affrontements pour attaquer une préfecture, symbole du centralisme et de la répression d’État, c’est quand même pas tous les jours dans une manif. Sans compter que ce n’était pas « une dizaine de casseurs » mais des jeunes, des vieux, des ouvriers, des pêcheurs, des paysans, des étudiants, etc. Le risque si cet espoir se perd, et c’est déjà le cas avec la contre manifestation de Carhaix, est de voir une prophétie-autoréalisatrice qui en effet servira le patronat. C’est à dire que les forces de gauche en disant que ce mouvement est de droite déserte la mobilisation, laissant la place aux forces de droite pour qu’il devienne de droite.
Sur les raisons de notre engagement
A ceux qui disent que tous les bonnets rouges défendent l’agroalimentaire, le patronat et les paysans accrocs à la monoculture et gavés de subventions, NON. Avec mes camarades nous étions de ces manifestants hostiles à ces façons de produire, mais nous avons vu qu’il faut faire une différence entre le court et le long terme. Nous étions mobilisés samedi car il y a des milliers de travailleurs qui vont perdre leurs emplois en Bretagne, des familles entières qui vont plonger dans la misère. Il y a une véritable urgence sociale, l’écotaxe n’en est pas la responsable mais elle ne va faire qu’accentuer ce phénomène. A long terme nous sommes nombreux à réclamer une autonomie politique et économique locale pour tourner la page de ce système capitaliste destructeur en vie humaines et en richesses naturelles. C’est évidement à long terme pour cela que nous nous battons, hier à Quimper et demain de nouveaux aux côtés des zadistes de Notre Dame des Landes, comme de nombreux bretons de gauche. Mais à court terme nous refusons de voir des milliers de travailleurs, qui triment au quotidien, être condamnés à la misère, c’est avec ces gens là que nous sommes allés manifester samedi, pas aux cotés du patronat.
Sur notre colère
Nous nous demandons donc : depuis quand le peuple de gauche se drape-t-il dans une pureté idéologique -aussi exécrable que la pureté ethnique- qui l’empêche de se battre aux cotés des classes laborieuses sous prétexte qu’elles s’opposent à une mesure dite écologique ( ce qui n’est pas le cas). Nous, et je pense que nous pouvons parler au nom de tous ces bonnets rouges de gauche, nous en avons assez de ces réflexions de petits bourgeois qui pensent avoir les plus belles idées sur la meilleur des sociétés à mettre en place et qui ne voient pas la misère à leurs pieds. Descendez donc de vos tours d’ivoires et détruisez les à coup de masse ! Oui à l’idéalisme mais n’oubliez pas les réalités du peuple au nom duquel la gauche porte un idéal.
Cette révolte des bonnets rouges est peut être le moyen de créer un vaste mouvement contre les politiques d’austérités. Peut être même cela va-t-il aboutir, comme la révolte de 1675, sur la contestation des privilèges de la noblesse, non plus de sang mais économique. Nous l’avons dit ce mouvement est complexe, rien n’y est joué, tout y est donc possible. Peut être ne fait il que commencer, c’est alors à nous peuple de gauche de s’en saisir au lieu de le critiquer en relayant les idées nauséabondes des chiens de garde médiatiques. Si vous voulez vous abstenir d’y prendre part, abstenez-vous donc par la même de nous traiter de capitalistes et de fachos, car pour les bonnets rouges qui sont comme nous bien à gauche et antifascistes c’est difficile à entendre.
Nous savons bien que tous les bonnets rouges n’ont pas nos idées, ainsi en va de la diversité populaire, mais nos idées ont leur place dans ce mouvement. Le fait est tout de même que les bretons sont aujourd’hui en révolte et nous souhaitons ardemment que ce feu dans la lande ne devienne pas feu de paille, mais au contraire un vaste incendie qui brûlera le patronat et l’État centralisateur. Nous souhaitons continuer le combat et nous vous invitons à le rejoindre pour y faire grandir ses forces de gauche. Vive les bonnets qui sont profondément rouges et que vive l’insurrection !
 Des révoltés bretons

1) Avec le morceau très connu ici La blanche hermine, que des fafs ont essayé de récupérer dans le passé, d’où la réponse de l’auteur dans Touche pas à la blanche hermine, chant révolutionnaire et antifasciste.
Source: Actualutte, 4/11/2013

jeudi 7 novembre 2013

9 novembre : Journée mondiale d’action contre les mines d’or en Chalcidique (Grèce)-Manifestations à Athènes, Londres, Paris etc.



Η Εξόρυξη Χρυσού στη Χαλκιδική είναι και δικό μας πρόβλημα – Αλληλεγγυή στον αγώνα των κατοίκων της
http://saveskouries.org/

Exprimons notre solidarité !
Rassemblement samedi 9 novembre 13h au Trocadéro
Ce qui se passe
La Chalcidique est un lieu d’une beauté naturelle étonnante, qui attire chaque année un très grand nombre de touristes provenant du monde entier. Dans la partie occidentale de la Chalcidique il y a la forêt primitive de Skouries. Depuis quelques années, l’entreprise multinationale Eldorado Gold, qui s’occupe de l’exploitation aurifère, s’est installée à Skouries et avec l’aide de puissants intérêts privés nationaux ont commencé les activités minières à grande échelle. Ainsi, la destruction irrémédiable de l’écosystème de Skouries et le danger imminent de la contamination des sols et des eaux souterraines par des métaux lourds, constituent une réalité tout au long de la Chalcidique occidentale.


Quand l’injustice devient loi
Nous sommes résidents de Chalcidique, des pêcheurs, des agriculteurs, des éleveurs, des apiculteurs, des entrepreneurs et des scientifiques, d’autres mots, des gens qui aiment leur lieu d’origine. Depuis quelques années, lorsqu’on a demandé aux autorités de nous informer et de procéder aux consultations publiques sur le sujet des mines d’or dans notre quartier, elles ont reporté la discussion du sujet  à l’avenir et finalement on ne l’ a jamais réalisé. Quand nous nous sommes adressés aux organes scientifiques neutres, afin d’identifier les impacts potentiels de l’exploitation minière à notre vie, ils nous ont informé que la catastrophe soit irréparable tant pour les écosystèmes que pour l’économie locale. Par contre, lorsqu’on a fait une demande devant les tribunaux, ils n’ont procédé qu’à un contrôle de légalité des actes administratifs qui autorisaient l’exploitation minière, sans se prononcer sur la substance de la catastrophe. Lorsqu’on a fait des protestations contre l’exploitation minière, la police anti-émeute est intervenue comme armée d’occupation dans notre région, d’une manière violente, en terrorisant nous et nos enfants. Lorsqu’en Août, on a pris connaissance d’une étude officielle selon laquelle, l’eau du village Neohori est impropre à cause de la concentration prohibitive d’arsenic, l’État n’a jamais recherché s’il y avait de lien de causalité entre cet événement et la présence des entreprises minières de forage à proximité des sources du village. Quand récemment, les institutions de l’Union européenne ont examiné la légalité du soutien étatique au profit dudit «investissement», la Cour de la Justice de l’union européenne a condamné la Grèce pour ces aides financières, des millions d’euros, aux entreprises minières à Chalcidique, en les caractérisant illégales. Après tout ça, quand on entre dans la forêt de Skouries pour ramasser nos ruches d’abeilles, on rencontre des hommes armés de Eldorado Gold, qui nous contrôlent et nous interdisent l’accès. Aujourd’hui, l’Etat grec caractérise notre réaction comme terroriste, il nous affronte comme si on exerce des actes criminelles similaires de celles des nazis de l’Aube Dorée,  a condamné quatre résidents, qui résistent, à l’emprisonnement et a lancé des dizaines d’autres poursuites, en donnant un caractère institutionnel à  la violence et l’injustice qui s’exercent contre nous.
keep-calm-and-save-skouries

La résistance devient notre tâche
Nous sommes des habitants de Chalcidique et des solidaires de toutes parts en Grèce. Il y a trois ans que nous sommes dans la rue et que nous luttons pour sauver notre pays. On ne revendique pas seulement nos droits mais notre vie, notre propre avenir et celui de nos enfants. Nous sommes solidaires de chaque personne qui se bat pour la vie, l’égalité, la liberté, la dignité. La criminalisation et la répression des luttes et des mouvements sociaux soutenant les droits fondamentaux, constituent  les seules réactions d’un système qui est paniqué. Notre obligation est de protéger avec notre voix tous ceux qui résistent à l’abus de pouvoir. Nous croyons que tous ensemble, nous sommes plus forts. Le 9 Novembre, nous appelons à des manifestations simultanées, des événements, des actions partout dans le monde pour arrêter toute persécution et emprisonnement contre nous et pour cesser immédiatement l’exploitation de l’or en Chalcidique. Notre lutte se trouve à une étape cruciale. Maintenant, nous avons besoin de tous.
#Saveskouries 
Le 9 novembre en Grèce et partout dans le monde !!!

Exprimons notre solidarité

Rassemblement samedi 9 novembre 13h place du Trocadéro à Paris


Signataires :
Syriza Section de Paris
Initiative grecque à Paris

Iérissos, Iérissos !


Par MAKIS MALAFÉKAS, Écrivain, Libération, 17/4/2013
Retenez ce nom, lecteurs avides de justice sociale, de justice tout court. Retenez ce mot qui ne figure nulle part dans les reportages des médias français, citoyens d’un pays où vous devrez bientôt défendre bec et ongles les droits acquis suite à de longues décennies de sacrifices et de luttes, où vous devrez défendre vos biens publics, votre patrimoine commun, votre dignité même face à la déferlante libérale qui se dirige inexorablement vers vous.
Depuis quelque temps, un petit village reculé du nord de la Grèce, Iérissos, est devenu le symbole de la lutte contre l’expropriation des richesses naturelles du pays, planifiée dans le cadre de son présumé sauvetage. La compagnie canadienne «Eldorado Gold» (!), géant mondial de l’exploitation minière, a obtenu de la part du gouvernement de coalition le droit d’ouvrir et d’exploiter des mines d’or, de cuivre et de plomb dans une région protégée à la biodiversité unique, où sont également enfouies des antiquités classiques et byzantines ; tout cela pour une période indéterminée, et au prix d’un «loyer» absolument anecdotique. Selon les conclusions de nombreuses expertises, les procédures d’extraction sur une étendue de plusieurs centaines d’hectares de forêt vierge affecteraient irrémédiablement la nappe phréatique de la région tout entière.
Les habitants du village avoisinant, héroïquement mobilisés depuis plus d’un an (financement d’études indépendantes, campagnes d’information, manifestations, blocages…), ont souvent été victimes d’intimidations de la part du personnel de sécurité de l’entreprise et de violentes interventions des unités antiémeute au sex-appeal de Robocop venus spécialement d’Athènes et de Salonique. Balles en caoutchouc (assez inhabituelles pour l’esthétique de la zone euro), garde à vue et interrogatoires musclés, prélèvements d’ADN sans consentement ni charges retenues. Il y a quelques semaines, leur village s’est même fait violemment évacuer par un commando dûment cagoulé à coups de bombes lacrymogènes, afin de rechercher – à l’intérieur de chaque foyer – des preuves de «sabotage» contre le projet des mines. Ces bombes sont allées jusqu’à l’intérieur du petit lycée public de la municipalité.
Le 25 mars, lors de la Fête nationale en Grèce et comme le veut une coutume très années 30, les adolescents scolarisés devaient défiler en uniforme devant les dignitaires locaux – tant civils que religieux. Les lycéennes d’Iérissos ont protesté silencieusement en portant des masques antipoussière premier prix et des tee-shirts noirs avec l’inscription interpellante «Pourquoi nous avoir gazés ?». Elles ont participé au défilé les poings serrés en l’air sous les acclamations des villageois réunis. A l’heure actuelle, la réalisation du projet minier se poursuit avec acharnement. Et le combat des habitants d’Iérissos également. Retenez ce court récit, le nom de ce village, l’histoire de ces gens et l’image de ces jeunes filles grecques qui, certes, n’ont pas eu l’idée de défiler la poitrine dévoilée pour avoir droit au regard intéressé du journalisme européen de centre gauche, ni de porter des masques «Anonymous» pour les unes de la presse branchée, mais dont l’attitude fière et décidée devrait néanmoins servir d’exemple à tout homme et toute femme aspirant à confronter la barbarie ascendante des Marchés en collectivité d’individus libres et émancipés.

lundi 4 novembre 2013

«Les Jours Heureux» de Gilles Perret, en salles le 6 novembre. A voir !



Le 6 novembre prochain sort en salles le nouveau film de Gilles Perret, «Les Jours Heureux».

«Les Jours Heureux», c'est le nom que les Résistants ont donné au programme politique qu'ils ont élaboré collectivement dans la clandestinité au sein du Conseil national de la Résistance ; c'est ce programme qui a servi de base aux grandes mesures sociales de la Libération : nationalisations, Sécurité sociale, retraites généralisées, lois de séparation de la presse et de l'argent, etc. 

Grâce à des entretiens avec plusieurs figures historiques de la Résistance, et l'aide d'images d'archives, Gilles Perret reconstitue la genèse de cet ambitieux programme, pensé par des gens qui ne se sont pas contentés d'actes de bravoure contre l'envahisseur nazi, mais ont souhaité définir un avenir solidaire pour le pays libéré.

Or, cet héritage politique, au lieu d'être prolongé et approfondi, a été peu à peu démembré par la contre-révolution néolibérale débutée dans les années 80 et encore poursuivie aujourd'hui. C'est ce que le journal Fakir a appelé «la revanche des collabos»...
Nous vous invitons à ce propos à lire, imprimer et diffuser ces deux appels, qui constituent un bon résumé du glissement politique que nous avons vécu ces 30 dernières années...

Plus d'information sur le film ici :