jeudi 25 février 2016

Mouad Belghouat, le rappeur marocain qui a choisi l’exil pour éviter le suicide

par Jacques Besnard, Slate.fr, 24.02.2016
Mouad Belghouat (DR).
Mouad Belghouat (DR).

Membre actif du Mouvement du 20 février 2011, étendard de la jeunesse marocaine depuis sa première arrestation, «El Haqed» a quitté son pays pour continuer la musique en Belgique. Rencontre.
«On va prendre notre dose de vitamine D?», plaisante-t-il d’emblée en français lorsqu’on se rencontre en plein centre de Bruxelles, indiquant du regard un rond salvateur ensoleillé qui pointe le bout de son nez à la terrasse d’un café. Le sourire et la bonhomie de Mouad Belghouat témoignent d'une faculté salvatrice à relativiser: cinq ans après le début du «Printemps marocain» le 20 février 2011, la vie du jeune homme, devenu étendard du mouvement, est on ne peut plus chaotique, entre interdiction de chanter, intimidations, pratiquement deux années passées en prison et un exil forcé loin de sa famille.
Quand le jeune Marocain commence le rap à dix-huit ans avec ses potes pour s'amuser à côté de ses petits boulots, rien ne le prédestine à devenir ce «martyr». Ses chansons décrivent bien les conditions de vie difficiles de son quartier populaire d'El Oulfa, à Casablanca, mais à l'entendre, ses lyrics ne sont pas encore vraiment politiques. «J'ai commencé à devenir plus engagé un peu plus tard, c'est venu naturellement», assure-t-il en arabe. Un changement de ton dans ses sons qui intervient en 2009. Pour la scène, Mouad devient alors «El Haqed», souvent écrit en langage SMS «L7a9d», que l'on peut traduire par «l'indigné» ou «l'enragé».
Deux ans plus tard, lorsque le Printemps arabe secoue l'Egypte et la Tunisie, obligeant Moubarak et Ben Ali à quitter le pouvoir, la jeunesse marocaine commence à son tour à se rebeller. Le 20 février 2011, des dizaines de milliers de manifestants battent ainsi le pavé pour réclamer des réformes économiques et sociales (santé, éducation...), plus de démocratie et le pluralisme politique.

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