par l'Union internationale des oulémas musulmans الاتحاد العالمي لعلماء المسلمين
29/12/2009. Traduit par IAY et édité par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
Doha, le 12 Muharram 1431, correspondant au 29 décembre 2009
Louanges à Allah, que les prières et le salut soient sur notre maître Mohamed l’envoyé d’Allah, ainsi qu’à sa famille, ses compagnons et tous ceux qui le suivent,
L’Union Internationale des Oulémas Musulmans vit encore sous le choc suite à la nouvelle diffusée dans les médias que les autorités égyptiennes avaient entrepris depuis quelques jours de construire un mur souterrain de séparation en acier, allant de 20 à 30 mètres en profondeur, pour en finir avec les tunnels clandestins entre la ville de Rafah côté palestinien et la ville de Rafah côté égyptien, ce qu’avaient confirmé les autorités égyptiennes sous prétexte que cela serait une nécessité pour la sécurité nationale de l’Egypte. Nous ne pouvons que nous demander qui sont ceux qui menacent la sécurité nationale de l’Egypte : est-ce les frères encerclés à Gaza ou bien les sionistes à l’affût ?
Il est à remarquer que, selon bon nombre d’informations, les autorités égyptiennes construisent ce mur avec le soutien direct, financier et en compétences humaines, des administrations usaméricaine et française. L’Organisation arabe pour les droits de l’homme basée en Grande-Bretagne a révélé, en présentant son rapport à ce sujet, que le gouvernement égyptien avait déjà achevé la construction de 5,4 km de ce mur d’une longueur totale de 10 km, que ce mur était composé de plaques d’acier de 18 m de longueur chacune et de 50 cm de largeur, qu’elles étaient équipées de capteurs qui pourraient alerter contre toute tentative de percement, et que la construction du mur se faisait sous supervision franco-usaméricaine.
Les autorités égyptiennes procèdent à ces travaux alors que nous vivons le premier anniversaire de l’agression ignoble contre Gaza qui a tout détruit, et dont les ravages sont encore là comme si cela s’était produit hier, et que la Bande de Gaza, dont les coûts de reconstruction ont été estimés à plus de 2 milliards de dollars, n’a vu arriver qu’une quarantaine de camions avec des matériaux de construction ! Et c’est à cause de ce blocus que les familles sinistrées, dans leur majorité, vivent encore sur les décombres de leurs maisons détruites ou sous des tentes qui ne protègent ni de la chaleur ni du froid.
Alors qu’on s’attendait à ce que l’Egypte de l’arabisme et de l’islam ouvrît son cœur et ses frontières à ses frères étouffés par l’ennemi, et qu’elle fît de son mieux pour lever ce blocus injuste au lieu de le renforcer et d’y participer en construisant ce mur de séparation.
Devant la gravité de la situation et la responsabilité religieuse, morale et politique qui nous incombe vis-à-vis de nos parents agressés et encerclés à Gaza, l’Union Internationale des Oulémas Musulmans déclare ce qui suit :
La continuation de la construction de ce mur d’acier est un acte interdit selon l’islam et contraire aux liens de fraternité et de voisinage, car l’objectif de sa construction est de fermer toutes les issues devant nos parents dans la Bande de Gaza afin de renforcer le blocus qu’ils subissent, de les affamer et les humilier davantage, et d’exercer plus de pression sur eux jusqu’à ce qu’ils s’inclinent et se rendent à l’ennemi occupant, le meurtrier haineux qui les guette.
Nous appelons les autorités égyptiennes avec insistance à se distancer de cet acte interdit et à arrêter immédiatement de construire ce mur qui ne sera d’aucun intérêt ni pour l’Egypte, ni pour le peuple d’Egypte ni non plus pour les autorités égyptiennes elles-mêmes. En fait le premier à gagner et le premier à profiter de ce mur, c’est Israël, et le premier à perdre et le premier à en souffrir c’est nous, les Arabes et les musulmans, dont l’Egypte en premier lieu, qui va perdre sa position remarquable aux niveaux arabe et musulman.
Nous demandons à toutes les institutions islamiques et toutes les autorités religieuses de référence dans les mondes arabe et musulman de rompre le silence et de montrer la gravité et l’illicéité de cet acte odieux, par lequel le musulman aide son ennemi aux dépens de son frère, où ce frère lui demande son soutien mais ne le se voit pas accorder, où ce frère le supplie de lui porter secours mais se voit livré à à son ennemi, alors qu’Allah, gloire à Lui, dit : « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres » (at-Tawbah, s9, v71), et il dit : « Et s'ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours » (al-Anfâl, s8, v72). Le noble Messager dit : « Le musulman est le frère du musulman, il ne commet pas d’injustice à son égard et il ne le livre pas », c’està-dire qu’il ne l’abandonne pas, et il dit : « Apporte ton soutien à ton frère, qu’il soit oppresseur ou opprimé » (et le Prophète poursuit en expliquant que quand il s’agit d’un oppresseur, le soutien consiste à l’empêcher d’opprimer les autres, NdT), mais il n’a pas dit : encercle ton frère et étouffe-le afin que ton ennemi et son ennemi en tire profit. Nous demandons aux autorités égyptiennes d’arrêter ce projet dangereux et qu’elles refusent de jouer ce rôle indigne d’elles, et qui n’est qu’un service gratuit offert à l’ennemi sioniste qui encercle notre peuple en Palestine en général et à Gaza en particulier.
Nous lançons un appel au secrétariat général de la Ligue Arabe et à celui de l’Organisation de la Conférence Islamique de faire leur devoir de conseil et d’explication pour que le gouvernement égyptien arrête ce mur de mort et qu’il ouvre le passage de Rafah, le passage de la vie, devant les gens de Gaza qui subissent un blocus d’injustice et d’agression.
Nous exhortons les peuples arabes et musulmans et à leur tête le grand peuple d’Egypte, à déclarer, par des moyens pacifiques, leur refus de cet acte horrible en envoyant des messages écrits ou électroniques aux responsables égyptiens, en écrivant et condamnant cet acte dans les journaux et l’ensemble des médias, ainsi qu’en utilisant tous les moyens légaux pour exprimer la colère de l’Oumma, chacun à sa convenance.
Finalement, nous disons : Allah nous demandera de rendre compte, que nous soyons des gouvernants ou des gouvernés, et nous Le rencontrerons, chacun avec ses registres d’actions : « Lis ton livre ! Aujourd’hui, il suffit que tu sois ton propre comptable » (al-Isrâ’, s17, v14). Alors craignons Allah avant qu’il soit trop tard et gardons-nous de commettre de l’injustice, car l’injustice viendra comme des ténèbres le jour de jugement, et ses conséquences seront graves pour les pays et les gens. Et nous prions Allah qu’Il nous épargne les méfaits des épreuves : « Redoutez le Jour où vous serez tous amenés à comparaître devant Allah, et où chaque âme sera pleinement rétribuée selon ses œuvres, sans subir la moindre injustice » (al-Baqarah, s2, v281).
Le Secrétaire Général Le Président
Dr. Mohamed Salîm Al Aouwa Dr. Youssouf Al Qardaoui
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